E. Coulon, Libérer le consentement : l’insoupçonné dans/de l’accord donné

Vendredi 24 mars 2023

         Le terme consentement est à la mode. Fréquemment mobilisé par des institutions, des juristes, des psychologues, des penseurs de l’éthique ou des féministes, son usage a pour but, en particulier, de souligner, de rappeler ou de permettre de réfléchir à la nécessité de la donation, par certaines personnes (enfants, patients, femmes) confrontées à certaines situations précises (les exigences des adultes, les propositions de soins des médecins, les désirs sexuels des hommes), d’un accord préalable et explicite. Le consentement consisterait donc, dans ce cas, à donner son accord à l’exécution d’une action. Idéalement, il permettrait ainsi à un possible de s’actualiser, à un dessein de s’accomplir ou à un désir de se réaliser. Quant au non consentement, il viendrait, lui, faire avorter cette actualisation, cette réalisation ou cette satisfaction.

            Les choses, nous le savons, ne sont pourtant pas aussi simples. Ce qu’il faut avant tout avoir à l’esprit, même si cela paraît évident, c’est que, dans tous les cas de figure, quels que soient le motif et le bénéficiaire, l’action soumise à consentement n’a pas pour cause ou auteur directs la personne donnant, ou non, son accord. La proposition, le dessein ou le désir évoqués n’émanent pas d’elle. Là est bien sûr la source du problème. Dans cette configuration existentielle dynamique au sein de laquelle un être humain se trouve confronté à une situation  ̶  pas seulement possible mais aussi actuelle  ̶  s’imposant, ou tendant à s’imposer, à lui, nombre de facteurs lui échappent, ainsi du reste qu’à l’observateur trop rapide à conclure ou ne s’intéressant qu’aux raisons communes. Une chose est sûre : la personne concernée doit toujours faire face à une altérité, à une instance, à un dispositif, à un processus, à une autorité déjà là, auxquels elle doit se mesurer sans toujours prendre la mesure de l’enjeu. S’il est certes généralement admis que ce que désigne cette notion de consentement est un acte complexe qui implique plusieurs dimensions de l’être (l’éthique, le psychologique, l’existentiel), il nous paraît que sa conception ainsi que son exercice demeurent très souvent en-deçà de ce qui est en jeu.

            Dépassant les seules situations particulières et locales de même que les approches positivistes et naturalistes, nous souhaitons élargir, tant du côté du sujet que du côté de l’objet, le sens et la portée du consentement, et donc de l’accord. Nous désirons en effet libérer l’acte de consentement, l’affranchir des limitations et dominations autant que l’ouvrir à et laisser s’exprimer ses ressources. Il nous faut pour cela, d’une part, mettre à jour les limites, subjectives comme objectives, et les aliénations dissimulées attachées à un certain consentement, et, d’autre part, dégager les possibilités enfouies d’un consentement qui ne soit plus seulement donné, réactif, relatif et local mais pleinement constitué, actif, inconditionnel et global. Nous montrerons alors que le consentement devenu majeur et positif, mettant en œuvre avec lucidité aussi bien le non que le oui, la critique que l’acquiescement, le discernement que la dialectique, la réflexion que l’ouverture, l’abaissement que l’élévation, le détachement que l’engagement, la rupture que la participation, cristallise de façon décisive et opérative les enjeux théorético-pratiques de la démarche philosophique en même temps qu’il s’approprie différents gestes constitutifs de certaines conduites spirituelles.

            Pour les personnes qui souhaiteraient assister à l’Assemblée générale et à la conférence en visioconférence, voici les éléments de connexion :

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