Conférences 2012-2013

Vendredi 12 octobre 2012

18 h 00 – 19 h 00 – Séance de communication – Espace Duranti – Salle Osète (6, rue du Lieutenant Colonel Pélissier). Métro « Capitole ». 

Communication de Monsieur Bernard BOURGEOIS, membre de l’Institut

En partenariat avec « La Novela »

Liberté de l’individu et engagement social

Faire société : c’est là, pour notre époque, amener à leur accomplissement, libérer ensemble, l’individu alors arraché à son intériorité et la société ainsi dégagée de son extériorité. Mais n’est-ce pas là aussi, faire abstraction, dans une réconciliation rendue illusoire, de ce qui constitue l’être spécifique de chacun d’eux ? Telle est bien la question.


 Jeudi 15 novembre 2012 

17 h 30 – Séance de communication – IUFM Midi-Pyrénées – École interne de l’Université de Toulouse II – Le Mirail, 56, avenue de l’URSS. Salle 3. Métro « Saint-Agne »

Communication de Monsieur Gérard Schmitt, professeur honoraire en classes préparatoires, chargé de cours à l’Université de Nancy

Marx et la question de la technique

Notre réflexion s’attachera principalement aux questions suivantes :

1. Qu’en est-il de la relation entre la technique et la société et entre le progrès technique et l’histoire ? Plus précisément, qu’en est-il du progrès des forces productives et de la relation entre forces productives et rapport de production ?

2. Est-on fondé à parler de neutralité de la technique ?

3. On pourra, le cas échéant, s’interroger sur la relation de l’homme et de la technique. La technique est-elle l’objectivation par excellence de l’homme ? Le développement technique est-il ce par quoi l’homme se réalise ? En bref, il s’agira de rendre compte de la technique au sein de ce qu’on peut appeler l’anthropologie marxienne.


Vendredi 18 janvier 2013

16 h 30 – (Bien retenir cet horaire) – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE STATUTAIRE

RÉSERVÉE AUX MEMBRES TITULAIRES

Ordre du jour

  • Rapport moral de l’année 2011-2012 par Madame la Présidente Patricia Verdeau
  • Rapport financier
  • Accueil de nouveaux membres

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

Communication de Monsieur Jean-Louis Vieillard-Baron, professeur des Universités (Poitiers)

Conflits des mémoires et collision des durées,

de Bergson à Paul Ricœur

         L’œuvre de Ricœur nous permet de penser à nouveaux frais une herméneutique des différents niveaux de mémoire, et d’envisager les conflits entre eux, en particulier les conflits intérieurs, et les conflits extérieurs qui en découlent.

         Le problème de la mémoire est central pour l’existence humaine. Ricœur en a dégagé les apories à partir de saint Augustin. Le couple intentio/distentio permet laborieusement de dépasser la problématique antique qui réduit le temps à la mesure du temps, et d’aborder la mémoire de soi, dans une perspective chrétienne-moderne. C’est sur la mémoire que se fonde l’approche de la longue durée et des lieux de mémoire. Faire mémoire est une exigence éthique, mais aussi une exigence spirituelle. On peut opposer (relativement) la commémoration (positive ou négative) et la célébration (sacralisation du passé et acte poétique : Rilke identifie la fonction poétique à l’acte de célébrer). Les mémoires multiples sont envisagées par Ricœur ; seule la mémoire historique est capable de construire des durées multiples, à partir de la durée phénoménologique sans laquelle nous n’aurions jamais la conscience du temps.

         Poussant un peu plus loin l’analyse de Ricœur, nous esquisserons une « polémologie des durées ». Husserl et Bergson ont substitué le « flux de conscience » à la tridimensionnalité augustinienne, présent-présent, présent-passé, présent-futur. Mais l’image du flux ne rend pas compte des phénomènes de mémoire : il n’y a pas seulement rétention du passé immédiat, juste passé, et remémoration du passé lointain dans le souvenir conscient. Il y a aussi superposition ou surimpression des sensations passées (proches ou lointaines) dans la perception présente. Ricœur n’a pas perçu la dimension polémique du problème du temps. La lignée Augustin/Husserl s’oppose à la lignée Kant/Bergson, en gros du moins. La focale du temps est le présent dans le premier cas ; elle est la Beharrlichkeit dans le second cas. La durée est permanence dans le temps, continuité. Bergson, tardivement étudié par Ricœur, ajoute nouveauté, jaillissement, et Heidegger souligne l’opposition de la temporalité vraie à la simple succession. La difficulté propre des conflits de durées vient de ce que le sujet n’est pas en surplomb au-dessus du temps.

         D’où l’acuité de la question d’une éventuelle sagesse permettant d’harmoniser les durées différentes au profit du bien-vivre humain. La morale de l’impératif catégorique laisse la place au souci d’une « sagesse pratique ». S’il est vrai que nous ne surplombons pas les temps, alors il nous faut envisager la promesse eschatologique du salut comme une réponse aux insolubles conflits des durées qui sont nôtres. Kant a vu dans l’espérance (au-delà des temps) la question spécifiquement religieuse. Ici s’articulent les deux perspectives, celle d’Augustin/Husserl (l’intra-temporalité enchassée entre l’origine et l’eschaton supratemporels) et celle de Kant/Bergson, où l’espérance permet à l’homme de quitter sa déréliction pour le divin.

Bibliographie :

Les ouvrages de Ricœur qui servent de base à cette réflexion sont les suivants :

Temps et Récit, I, II et III.

Soi-même comme un autre,

La Mémoire, l’Histoire, L’Oubli,

Parcours de la Reconnaissance.


Mercredi 20 février 2013

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

Communication de Monsieur Hugues LETHIERRY, professeur honoraire de l’IUFM de Lyon I

Le mensonge chez Vladimir Jankélévitch

« Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ». « Janké » vit à Toulouse pendant la guerre avec de faux papiers, fournis par Mgr B.de Solages, recteur de l’Université catholique, qui sera déporté.
Mensonge, le fait de cacher son identité, quand on vient d’être radié de l’Université en tant que juif et fils d’immigré russe ?

En 43, notre philosophe publie avec E. Borne, « Le mensonge raciste » : son texte porte sur une « psycho-analyse de l’antisémitisme ».
(En cas de lutte sociale explosive, il est commode, pour le pouvoir, d’inviter à troquer l’adversaire réel contre un bouc-émissaire)

Un an avant ce livre, était paru chez Confluence l’ouvrage sur le mensonge qui sera repris dans le Traité des vertus.. Dans le débat entre Saint-Augustin et Kant versus Benjamin Contant (18ème siècle), « Janké »,contre le purisme, serait du côté de ce dernier. Mais il y a des limites à ne pas franchir, même si le mensonge fait partie de la vie sociale, refusée, pour sa part, par Diogène, qui a le mérite de faire parfois éclater le scandale par ses « gaffes », la gaffe suprême étant la mort.

L’ironie, quant à elle, échappe a la volonté de tromper car elle est « bonne conductrice »…


Vendredi 29 mars 2013

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

En partenariat avec la Régionale de
l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public

Communication de Monsieur Didier DELEULE, professeur émérite de philosophie comparée des sciences sociales de l’Université de Paris X-Nanterre, président de la Société française de la philosophie

Triomphe du modèle domestique et paupérisation du politique

La mise en relation de diverses figures (affaiblissement, appauvrissement, paupérisation) rencontre son lieu d’exercice privilégié dans ce qu’on appellera le modèle domestique du politique qui effectue de nos jours un retour fracassant sur la scène politico-médiatique, alors même que la pensée moderne n’avait eu de cesse d’en dénoncer les méfaits. À partir de ces notions on s’interroge sur la valeur de l’utopie et de la dystopie ainsi que sur l’idée même de gouvernement.


Vendredi 19 avril 2013

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

Communication de Melle Alexia ESPEUT, étudiante en Master Métiers de l’Enseignement et de la Formation en Philosophie à l’IUFM de Midi-Pyrénées

Le rapport de Marx et du marxisme à la religion : une interprétation théologique de l’œuvre de Marx est-elle légitime ? 

Karl Marx, savant ? Karl Marx, prophète ? Le clivage entre les interprétations scientiste et utopiste de l’œuvre de Marx entériné par la fameuse « coupure » dont parle Althusser entre le « Jeune Marx », hégélien, et le « Vieux Marx », économiste et sociologue du Capital, est toujours présent dans l’étude du marxisme.  S’interroger sur la validité d’une telle distinction entre la lecture eschatologique des écrits de Marx via l’analyse du rapport de Marx et du marxisme à la religion nous permettrait sans doute de mettre un terme à ces opinions qui consistent à croire que le marxisme soit réduit la politique à une superstructure exclusivement dépendante d’une structure économique, des jeux de marché, soit est un idéal stérile, l’élucubration d’un enthousiaste sans conséquence. Aussi en va-t-il de la crédibilité du marxisme que de nuancer ces positions et plus particulièrement la seconde taxée de désuétude. Il s’agit alors de confronter, ce qui en premier lieu est le plus apparent, l’athéisme de Marx et la portée de son discours que la tradition dite d’un « courant chaud » (E. Bloch) du marxisme donne pour messianique, de saisir par conséquent la valeur et la portée des métaphores religieuses qui abondent dans l’œuvre même de cet athée et par méthode de retranchement de regarder ce qu’il y a de commun entre la pensée de Marx et celle de théologiens révolutionnaires tels que Thomas Münzer, intervenu au côté des travailleurs dans la guerre des paysans en Allemagne entre 1524 et 1526, et actuellement les théologiens de la Libération. La distinction entre science et croyance au cœur du marxisme semble ici faire éclater l’unité de la pensée de Marx et faire oublier que sans ferveur, la prospection en vue de la révolution est nulle et réversiblement.


Jeudi 16 mai 2013

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

Communication de Monsieur Jean-Louis Vieillard-Baron, professeur émérite de philosophie à l’Université de Poitiers

Conflits des mémoires et collision des durées,

de Bergson à Paul Ricœur

         L’œuvre de Ricœur nous permet de penser à nouveaux frais une herméneutique des différents niveaux de mémoire, et d’envisager les conflits entre eux, en particulier les conflits intérieurs, et les conflits extérieurs qui en découlent.

         Le problème de la mémoire est central pour l’existence humaine. Ricœur en a dégagé les apories à partir de saint Augustin. Le couple intentio/distentio permet laborieusement de dépasser la problématique antique qui réduit le temps à la mesure du temps, et d’aborder la mémoire de soi, dans une perspective chrétienne-moderne. C’est sur la mémoire que se fonde l’approche de la longue durée et des lieux de mémoire. Faire mémoire est une exigence éthique, mais aussi une exigence spirituelle. On peut opposer (relativement) la commémoration (positive ou négative) et la célébration (sacralisation du passé et acte poétique : Rilke identifie la fonction poétique à l’acte de célébrer). Les mémoires multiples sont envisagées par Ricœur ; seule la mémoire historique est capable de construire des durées multiples, à partir de la durée phénoménologique sans laquelle nous n’aurions jamais la conscience du temps.

         Poussant un peu plus loin l’analyse de Ricœur, nous esquisserons une « polémologie des durées ». Husserl et Bergson ont substitué le « flux de conscience » à la tridimensionnalité augustinienne, présent-présent, présent-passé, présent-futur. Mais l’image du flux ne rend pas compte des phénomènes de mémoire : il n’y a pas seulement rétention du passé immédiat, juste passé, et remémoration du passé lointain dans le souvenir conscient. Il y a aussi superposition ou surimpression des sensations passées (proches ou lointaines) dans la perception présente. Ricœur n’a pas perçu la dimension polémique du problème du temps. La lignée Augustin/Husserl s’oppose à la lignée Kant/Bergson, en gros du moins. La focale du temps est le présent dans le premier cas ; elle est la Beharrlichkeit dans le second cas. La durée est permanence dans le temps, continuité. Bergson, tardivement étudié par Ricœur, ajoute nouveauté, jaillissement, et Heidegger souligne l’opposition de la temporalité vraie à la simple succession. La difficulté propre des conflits de durées vient de ce que le sujet n’est pas en surplomb au-dessus du temps.

         D’où l’acuité de la question d’une éventuelle sagesse permettant d’harmoniser les durées différentes au profit du bien-vivre humain. La morale de l’impératif catégorique laisse la place au souci d’une « sagesse pratique ». S’il est vrai que nous ne surplombons pas les temps, alors il nous faut envisager la promesse eschatologique du salut comme une réponse aux insolubles conflits des durées qui sont nôtres. Kant a vu dans l’espérance (au-delà des temps) la question spécifiquement religieuse. Ici s’articulent les deux perspectives, celle d’Augustin/Husserl (l’intra-temporalité enchassée entre l’origine et l’eschaton supratemporels) et celle de Kant/Bergson, où l’espérance permet à l’homme de quitter sa déréliction pour le divin.

Bibliographie :

Les ouvrages de Ricœur qui servent de base à cette réflexion sont les suivants :

Temps et Récit, I, II et III.

Soi-même comme un autre,

La Mémoire, l’Histoire, L’Oubli,

Parcours de la Reconnaissance.