Conférences 2015-2016

Mercredi 14 octobre 2015

En partenariat avec l’Association des Professeurs

de Philosophie de l’Enseignement public et l’ESPE Toulouse Midi-Pyrénées

16 h 00 [Bien retenir cet horaire] – Séance de communication – UT2J-ESPE, 181, avenue de Muret, Toulouse, amphi Montaigne.

Communication de Monsieur Robert DAMIEN, Professeur émérite, Paris X – Nanterre.

L’exercice de l’autorité, risques et périls

Comment s’exerce l’autorité ? Nous osons poser des questions incorrectes, philosophiquement dangereuses, politiquement inquiétantes. Pourquoi obéir et à qui ? De quel droit et au nom de quoi, quelqu’un peut-il commander à un autre et l’obliger à accomplir ce qu’il ne veut pas nécessairement accomplir de son plein gré ? Nous souhaitons affronter le problème de l’autorité par le biais plus radical d’une interrogation iconoclaste et mortifiante à la fois : pourquoi y a-t-il des chefs ? 
La philosophie, au travers de plusieurs matrices de croissance, de confiance, de croyance, en a conçu la raison politique, analysé l’effectivité, critiqué les fâcheuses déviations, pour fonder l’augmentation légitime des êtres humains et féconder leur puissance commune pour atteindre le meilleur. Mais elle a aussi, à l’inverse, participé à la pathologie du chef adulé et divinisé d’une déraison politique. Elle a elle-même été coupable d’une fascination dégradante, entretenant la flamme qui la brûlera. Malheur au peuple qui a besoin… de chefs. Reste à savoir s’il peut s’en passer et lesquels il lui faut, comment les former, comment les remplacer et les contrôler démocratiquement?


Mardi 24 novembre 2015

18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.

Communication de M. Christian BADINGA-MOUITHYT, docteur en Philosophie.

La philosophie ricoeurienne de l’ipséité.

Contribution à un personnalisme contemporain

Lieu de controverses vives et ouvertes qui alimentent les débats éthiques et politiques contemporains, l’idée de personne nous est à la fois familière et complexe, tant sa signification demeure confuse et évanescente. Dans ce contexte, il convient de lui redonner le statut d’un concept philosophique, si l’on ne veut pas de voir l’affirmation de la valeur transcendantale de l’humain devenir purement artificiel.
La problématique de la personne est en effet une question fondamentalement philosophique, dans la mesure où elle « reconduit à une interrogation sur nous-mêmes comme celui qui déploie une compréhension de l’être ». Dans cette perspective, la philosophie ricoeurienne de l’ipséité est une contribution remarquable au personnalisme contemporain, sur la base de laquelle tout être humain peut être dit « personne humaine » et mérite le respect et la dignité dus à ce statut. Car, c’est en raison même de sa « qualité humaine » que « l’Homme capable » est digne d’estime et de respect.


Mardi 19 janvier 2016

16 h 30 : Assemblée générale de la Société toulousaine de philosophie


En partenariat avec l’Association des Professeurs
de Philosophie de l’Enseignement public


18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Michel NODÉ-LANGLOIS, Professeur de classes préparatoires (honoraire).

Nature, hasard, création

autour d’une réflexion sur le livre de Ian Stewart

Dieu joue-t-il aux dés ?

Les Stoïciens et les Épicuriens ont pensé – avec des visées opposées – que le hasard pouvait constituer une objection à la providence divine. Et les seconds, comme à leur suite les darwiniens, y ont vu un substitut possible de la causalité créatrice. Ce serait le cas si le hasard pouvait être considéré comme premier, ce qui est impossible, et si d’autre part il devait être jugé, du fait de sa contingence irrationnelle, étranger à toute intelligibilité. Or les mathématiques ont précisément établi le contraire, depuis qu’elles ont inventé le calcul des probabilités et, plus récemment, lorsqu’elles ont élaboré une théorie du « chaos », qui montre comment la nature combine subtilement le régulier et l’aléatoire. La science contemporaine fait plus que jamais apparaître comment le hasard s’intègre à l’ordre intelligible de l’univers naturel, et, loin d’en compromettre l’intelligibilité, peut y jouer un rôle, comme Thomas d’Aquin l’avait reconnu.


Mardi 16 février 2016


18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.

Communication de Monsieur Norman AJARI, docteur en philosophie.

Philosophie du Sud global et géopolitique de la connaissance

Dans Qu’est-ce que la philosophie, Deleuze et Guattari avaient insisté sur le fait que l’acte de penser « se fait […] dans le rapport du territoire et de la terre », c’est-à-dire dans une intime connexion à l’histoire et à la géographie. Mais ces auteurs limitent leurs propos aux philosophies allemande, française, anglaise. Or, au-delà des frontières de l’Europe, le problème se fait plus épineux. Le caractère philosophique même de l’acte de penser, c’est-à-dire plus justement sa valeur, se trouve souvent mis en question. Que sait-on de la vivacité des philosophies africaines ou sud-américaines ? Ce problème de la légitimité de lieux aujourd’hui encore tenus pour « périphériques » a été au centre de recherches menées en Amérique latine depuis une quinzaine d’années, sous le terme de « géopolitique de la connaissance ». Il s’agira ici d’en dégager les conséquences pour une approche de la philosophie se faisant et se vivant au contact de la majeure partie du monde qui, dans les années 1960/1970 s’était donnée le nom de tiers-monde et, aujourd’hui, se redonne un monde, une consistance et une cohérence avec la notion de Sud global.


Jeudi 31 mars 2016


16 h 30 – [Bien retenir cet horaire] Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse. Module salle polyvalente.

Communications de M. Jad HATEM, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth

Jad Hatem, professeur de philosophie et de mystique comparée à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, a publié de nombreux ouvrages sur Schelling, le problème du mal et la théorie de la création poétique. Ses intérêts portent également sur l’interaction de la littérature, de la théologie et des sciences de l’esprit.

Le thème de l’amour pur en mystique comparée

Dans la grande matière de l’amour pur que l’on trouve presque également partagée entre les grandes religions et les littératures, il y a des degrés à distinguer : du simple amour désintéressé à la forme hyperbolique qui peut aller jusqu’à la perversion. En partant du système de Fénelon, j’envisage d’examiner les diverses figures de l’amour pur en les rapportant soit à une métaphysique de la création et du mal, soit à une logique de l’identification, mais dans les deux cas, de manière à mettre en évidence la structure inédite d’intersubjectivité impliquée par cette posture extrême.

et de M. Gwénolé LE MEST, professeur au Lycée Marie Curie de Tarbes.

Interroger la vérité avec Jad Hatem

et à partir de son ouvrage Qui est la vérité ?

Cette communication invitera à lire l’ouvrage de Jad Hatem en posant la question de savoir si, concernant toutes les interrogations au sujet de la vérité, la question « Qui est la vérité ? »  est une question parmi d’autres et une question comme les autres. Le titre de l’œuvre de Jad Hatem surprend par l’originalité de son interrogation. Elle n’est pas la seule et notre auteur l’indique bien. Le dénombrement exhaustif des questionnements au sujet de la vérité aurait décentré l’auteur de la question essentielle soulevée par l’ouvrage, notons toutefois qu’il en énumère un certain nombre : interrogation relative à l’existence de la vérité, à son essence, aux procédures mises en œuvre pour l’atteindre (comment ?), à son site (où est la vérité ?). L’ouvrage de Jad Hatem paraît s’inscrire comme un moment dans une réflexion globale autour de l’idée de vérité, réflexion pluridimensionnelle et singulière puisque nourrie de la culture à la fois philosophique, littéraire, théologique, mystique donc universaliste de l’auteur.

Le titre de l’œuvre est une interpellation, en tant que mise en forme interrogative d’une parole dont Hatem enseigne la réitération spectaculaire. Jad Hatem fournit la preuve que la question « Qui est la vérité ? » méritait d’être explorée dans le repli de ses profondeurs à partir d’une histoire qui intègre Jésus, ibn Mansûr Hallâj et Çankara.


Vendredi 29 avril 2016

18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.

Communication de Monsieur Philippe BOULANGER, professeur de philosophie au Lycée Michelet de Lannemezan (65).

Figures de la sagesse dans la Bible hébraïque

La sagesse dans la Bible semble bien loin des définitions telles que l’exprime notre tradition philosophique : apparemment plus empreinte de résignation que de désir de connaissance, plus soucieuse de la tranquillité du monde que d’un questionnement sur ses fondations.

Cependant, comme pour toutes les sagesses, et particulièrement celles de Mésopotamie et de l’Égypte dont elle partage les préoccupations, elle tend à l’universel. Traversée par les inquiétudes sur la finitude des choses, sur le sens du bien et du mal, sur l’iniquité qui fait du juste un réprouvé et de l’homme sans scrupule un être comblé de richesses, la sagesse biblique tente, devant tant de contradictions et de mystères, de trouver un chemin qui puisse conduire l’homme au discernement.

Cet universalisme a toujours semblé suspect aux lecteurs en quête de théologie. Les thèmes fondamentaux du texte Biblique y sont presque absents. Dieu ne parle pas ou parle peu. La création paraît fragile et l’homme n’est pas sûr d’y trouver sa place. Le châtiment ou la rétribution semblent bien arbitraires…

Nous avons choisi trois figures bibliques pour cerner le sens de cette sagesse : Salomon, Job et Qohélet. Salomon, le roi improbable à la réputation d’intelligence et de lucidité si grande que l’homme faible et inconstant, disparaît derrière son héritage. Job, l’innocent révolté qui proteste inlassablement devant l’injustice de la souffrance. Et Qohélet, qui face à l’absurdité du monde, nous invite à jouir pleinement de la vie.


Vendredi 20 mai 2016

18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.

Communication de Mademoiselle Catherine LION, titulaire d’un Master II de philosophie, agrégative.

Sur la notion de kairos

Aristote définissait le kairos comme « le bien dans le temps » ou encore le « temps affranchi de la nécessité ». Il apparaît donc comme une dimension qualitative du temps, s’inscrivant cependant dans le temps de la montre, celui du chronos. Le kairos est par essence l’espace-temps d’une occasion, le moment des possibles pour une conscience libre, voulant insérer son projet dans un tissu de circonstances serré. Il apparaît donc comme un processus dialectique pour l’action, où la conscience, tout en conjuguant avec les circonstances déterminées d’une situation, va créer son avènement et parvenir à insérer son projet comme événement. C’est aussi en ce sens que le kairos est un moment critique : pour la conscience, il est le moment du discernement, et pour l’action, celui de l’équilibre : comment incliner les circonstances en notre faveur et comment agir avec justesse dans une situation dont nous ne maîtrisons pas toutes les données ? La notion de kairos nous enjoint à un exercice : celui d’une forme de clairvoyance que la conscience doit opérer pour inscrire sa liberté dans le réel.