Vendredi 27 septembre 2019
17 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse, salle 19.
Communication du Père Antoine de Olivera, docteur en philosophie.
Humanisme et interculturalité :
quel profil humain au 21ème siècle ?
Il n’y a d’homme qu’en contexte. Les lieux de surgissement et d’expression du sujet culturel (individuel et collectif) sont des cadres ou espaces de sens où l’identité se constitue dans une quête permanente de lui-même. Et c’est dans la rencontre comme interculturalité que s’opère tout dépassement de l’humain vers la vérité transformante. Le dialogue de transcendance se prête ici comme la chair expressive d’une rencontre historique où le sujet n’existe véritablement qu’en se narrant. Au-delà de toute conception fixiste, la culture – véritable vecteur des métamorphoses – reste le lieu existentiellement pourtant incontournable, quoique très fragile, où l’identité personnelle et collective advient comme un sujet en perpétuelle quête de lui-même, en perpétuelle déploiement, une tâche toujours à faire. Le principe du bien reste l’horizon herméneutique du sens à découvrir.
Jeudi 31 octobre 2019
18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Gabriel Germon, agrégatif en philosophie à l’université de Bordeaux.
La science politique dans l’œuvre de Jean Bodin
L’idée de science politique renvoie de nos jours à une certaine discipline, qui ne consiste pas dans une recherche authentique de la rationalité du politique mais dans le fait de supposer cette rationalité pour comparer, analyser et décrire les sociétés et leur devenir. L’expression de science politique (epistémé politiké) renvoie pourtant à une ambition forte, celle de développer le lien entre la vérité et la politique. Jean Bodin (1530-1596) assiste au développement déjà avancé des États-Nations qui se dirigent vers leurs intérêts propres, ainsi qu’à la division actée de la chrétienté : la substance de l’ordre humain devient un problème tant sur le plan temporel, que spirituel. La science politique répond à une crise historiquement déterminée, mais quitte le domaine de l’opinion pour se placer dans l’horizon de l’universel. Et Bodin cherche le juste milieu entre un Machiavel qui réduirait la politique à une technique, « lequel a mis pour deux fondemens des Republiques l’impieté et l’injustice, blasmant la religion comme contraire à l’Estat », et un idéalisme de More ou de Platon (pour sa République), trop peu soucieux des réalités historiques. La science politique est la contemplation de la vérité d’une réalité donnée, la mise en lumière des éléments nécessaires pour toute société civile, comme la souveraineté, la recherche d’un télos etc. Elle serait donc d’abord un accord entre l’objet politique, et le sujet qui prend pour mesure cet objet, dans une perspective réaliste. Lors de cette conférence, nous aimerions réfléchir, avec Bodin, sur l’horizon de la science politique, sur les problèmes qui doivent être pris en compte par le philosophe, et sur l’originalité propre de cet auteur de l’histoire de la pensée politique, qui replace la distinction gélasienne entre le pouvoir spirituel et celui temporel vers ce qu’il nomme République, tout en la réinterprétant à partir d’une pensée de la vera religio, source mystique qui se situerait en-deçà de toute religion positive. En somme, explorer les rapports entre la religion, la politique et la vérité.
Vendredi 29 novembre 2019
18 h 00- Séance de communication – Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse.
Communication de Malika Benguella, professeur de lettres au lycée Marie Curie de Toulouse.
Le Libertinage, dissidence et subversion au XVIIe siècle
Problématique : Le Libertinage au « Grand Siècle », un courant de pensée souterrain, menaçant l’Autorité royale et l’orthodoxie religieuse ?
Pour comprendre l’histoire des idées du XVIIe siècle, il importe de mesurer l’action multiple et secrète de ceux que Calvin fut le premier à qualifier d’un terme promis à un grand succès : « les Libertins ».
Libertinage d’esprit et/ou de moeurs, Libertinage érudit, épicurien ou baroque, voire Libertinisme, autant d’appellations pour désigner cette constellation d’Esprits forts résistant à l’orthodoxie qui tendait alors à étendre sa chape de plomb.
Je souhaite vous convier à découvrir cet extraordinaire bouillonnement intellectuel, lequel a favorisé l’expression d’une sagesse tout humaine et terrestre, sans le recours de la religion, d’Etienne Dolet à Giordano
Bruno ou Giulio Cesare Vanini, de la Tétrade à Cyrano de Bergerac notamment. Fondés sur une farouche indépendance d’esprit, sur une défiance quant au dogme religieux, sur parfois un art de vivre hédoniste, les Libertins annoncent les Lumières radicales du XVIIIe.
Vendredi 31 janvier 2020
17 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse, salle 19.
Communication de Mademoiselle Julie Navarro, agrégative à l’INSPE de Toulouse Occitanie-Pyrénées, titulaire d’un Master II de philosophie.
Convergences et divergences entre Kant et Sartre
à l’aune de la moralité :
la difficile exigence de ne pas se mentir à soi-même.
Si nous sommes facilement tentés d’opposer radicalement les philosophies de Sartre et de Kant, cela tient probablement au fait que la première se fonde sur l’idée d’une liberté absolue de l’homme, tandis que la seconde prend le parti de s’ancrer dans une raison pratique, une morale déduite de principes purs a priori. Ainsi, le projet de découvrir des convergences et divergences entre les deux auteurs peut surprendre ; néanmoins, il recèle une légitimité et une certaine évidence puisque des penseurs, travaillant sur des questions de morale, ont pu le mettre en lumière. Par exemple, nous pouvons lire sous la plume d’André Léonard qu’il est possible d’établir « une comparaison entre les deux formes les plus représentatives de la morale de l’autonomie, à savoir la morale existentialiste de l’authenticité, centrée sur la liberté singulière du moi, et la morale kantienne du devoir, centrée sur l’universalité de la raison pratique. » (Le Fondement de la morale). Certes, on convient qu’il y aurait des incompatibilités entre un idéal d’authenticité nourri d’égoïsme et la mise en perspective d’un moi commun, universel, idéalisé et désintéressé. Pour autant, ne peut-on pas gager que leur réflexion propre sur la moralité et la liberté, en engendrant un projet de sincérité (sous-tendu par l’idée de respect), favoriserait une rencontre de ces deux pensées ?
Finalement, c’est bien le rapport entre morale et liberté, rapport asymétrique et proportionnellement renversé, qui nous pousserait à nous demander si nous sommes vraiment légitimes à opposer ces deux systèmes en les découvrant irréductiblement divergents. Ce rapport ne nous invite-t-il pas, au contraire, à déceler des points de convergence entre ces deux philosophes ?
Afin de réfléchir sur ce problème, il est possible, une fois que l’on a rendu compte de leur conception propre de la conscience, d’appréhender leur conception du mensonge, c’est-à-dire une pensée de la « tendance à sophistiquer » d’une part, une pensée de la « mauvaise foi » d’autre part. Si elles sont toutes deux vivement dénoncées comme immorales, n’y a-t-il pas tout lieu de penser que Kant et Sartre ne sont pas si éloignés l’un de l’autre ? Mais, simultanément, en considérant que le mensonge à soi-même et le respect à l’égard d’autrui mettent en évidence des points de convergence entre ces deux philosophes, ne sommes-nous pas obligés de reconnaître qu’ils constituent également des points de rupture entre ces deux doctrines ? Par conséquent, nous nous proposons de cheminer et/ou voyager entre ces deux pensées afin de voir si, au-delà de leur apparente opposition, il n’est pas possible de concilier ces deux auteurs, voire de les rendre complémentaires…
Vendredi 28 février
16 h 30 – Assemblée générale de la Société Toulousaine de Philosophie. Tous les membres de notre Société sont invités à participer à cette Assemblée.
17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse, salle 35.
Communication deMonsieur Arnaud Lalanne, docteur en philosophie, professeur à l’Université de Bordeaux.
Le débat sur les idées innées
dans les Nouveaux Essais sur l’entendement humain de Leibniz
Dans son débat avec Locke, Leibniz défend la possibilité des idées innées et des connaissances a priori, avant toute expérience. Il s’inspire de la théorie de la réminiscence du Ménon de Platon et reprend l’intuition augustinienne d’un « verbe intérieur » que nous pourrions consulter pour connaître.
Sans abandonner le recours à l’expérience sensible, il n’y voit cependant qu’une « occasion » d’éveiller notre entendement. En effet, pour lui, « Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens ne donnent jamais que des exemples, c’est à dire des vérités particulières ou individuelles. » (Nouveaux Essais sur l’entendement humain, GP V, 43, préface)
C’est pourquoi il fonde les vérités empiriques sur les principes innés dont l’entendement est la source.
Leibniz semble ainsi s’opposer à la tradition aristotélicienne et à l’adage selon lequel : « rien n’est dans l’âme qui ne vienne des sens » ; à quoi il répond qu’il faut « excepter l’âme même et ses affections. Nihil est in intellectu, quod non fuerit in sensu, excipe: nisi ipse intellectus.» (op. cit. Livre I, §. 2. GP V, 100-101)
Vendredi 6 mars
18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse, salle 35.
Communication de Monsieur Julien Lyssenko, professeur de philosophie.
Du bonheur, individuellement et collectivement
Nous étudierons ici méthodiquement les divers éléments ayant une influence sur le bonheur, défini comme « état de satisfaction maximale », et dégagerons ainsi progressivement une réponse à la fois synthétique et rigoureuse.
Concrètement, cela implique en premier lieu une analyse du fonctionnement des peines et des plaisirs, afin de comprendre comment minimiser les premières et maximiser les secondes. Pour ce faire, et une fois que nous aurons compris comment dépasser le subjectivisme dans ce domaine, nous classerons les peines et les plaisirs. Ce qui nous permettra d’établir à la fois des règles de calcul, et la manière de les appliquer. Cependant, le bonheur humain ne peut se réduire à une perspective d’immédiateté. Il nous sera ainsi nécessaire de comprendre la nature du désir humain, et en quoi il exige de donner un sens à notre existence. C’est pourquoi, après avoir montré la nature mimétique de notre désir, nous verrons comment nous comporter face à un modèle, à nous-même, ou encore à la mort.
De plus, et bien qu’il soit de la responsabilité de chacun de trouver son propre bonheur, notre recherche nous conduira sur le terrain de la collectivité. Nous connaissons tous cet adage comme quoi « le bonheur des uns fait le malheur des autres », la réalité étant plus précisément que le désir des uns est spontanément opposé à celui des autres. Il serait donc illusoire de penser un bonheur individuel entièrement indépendant du rapport à l’autre, et c’est pourquoi il nous faudra penser non pas comment tout le monde doit vivre, mais comment permettre à chacun de trouver son propre bonheur. Nous nous interrogerons alors sur les moyens que nous avons de nous prémunir face à la violence, les règles qui nous permettent au mieux de résoudre les conflits inter-individuels, ainsi que la meilleure manière des les faire appliquer (par l’intermédiaire d’une force collective, et au regard des conditions matérielles caractérisant notre monde moderne). Enfin, comme le bonheur ne peut avoir lieu dans une perspective de conflit perpétuel, il s’agira de définir la dimension non-conflictuelle des rapports humains : l’Amour. Il nous faudra débusquer ce qui tend ou pourrait tendre à remettre l’Amour en question, pour découvrir à l’opposé comment le promouvoir.