Conférences 2007-2008

Samedi 13 octobre 2007

16 h 30 – Séance de communication – Salle Fontan.

Communication de Madame Emmanuelle JOUËT-PASTRE, agrégée et docteur en lettres classiques, maître de conférences à l’Université de Toulouse II – Le Mirail.

Le savoir du philosophe chez Platon : une affaire de point de vue ?

Je souhaiterais interroger de plus près l’avantage que Platon attribue à la figure du philosophe dans les dialogues et à son prétendu savoir. Il s’agira d’interpréter cette supériorité de fait pour mettre à l’épreuve l’idée d’une « domination » exercée par le philosophe sur ses interlocuteurs. Cette interprétation permettra peut-être de comprendre pourquoi Platon a choisi de donner au personnage du philosophe des traits susceptibles de réduire le dialogue à un artifice d’exposition, et surtout d’accréditer l’opinion, dont lui-même se fait parfois l’écho, que derrière le masque du philosophe se cache un sophiste. De fait, c’est toujours, me semble-t-il, la question du savoir qui est sous-jacente. Le savoir du philosophe est aussi une affaire de point de vue.


Samedi 24 novembre 2007

JOURNEE D’ETUDES SUR PIERRE DUHEM

organisée en partenariat avec la Faculté de Philosophie de l’Institut Catholique de Toulouse et avec l’Association des Professeurs de philosophie de l’Enseignement Public (Régionale de Toulouse).

Salle Léon XIII

Problèmes et enjeux des recherches de/sur Pierre Duhem

14 h 15 : Ouverture

14 h 30 : Bernard HUBERT, doyen de la Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Toulouse

« La place de Simplicius dans l’histoire des sciences de Pierre Duhem »

15 h 00 : Jean-François STOFFEL, docteur en philosophie, docteur en histoire. Chargé de cours à l’Institut d’études théologiques (Bruxelles). Maître-assistant à la Haute école Blaise Pascal (Bastogne) et à la Haute école Charleroi-Europe.

« Regards inédits sur les premiers articles de philosophie scientifique publiés par Pierre Duhem dans la Revue des questions scientifiques (1892-1896) »

16h00 : pause

16h15 : Anastasios BRENNER, professeur à l’Université Paul Valéry – Montpellier III.

« Y a-t-il une vérité des hypothèses scientifiques pour Pierre Duhem ? »

17h15 : Pierre KERSZBERG, professeur à l’Université de Toulouse II – Le Mirail

« En amont de la théorie et de l’expérience »

A.N : Le programme indiqué peut être l’objet de modifications éventuelles.


Samedi 8 décembre 2007

16 h 30 – Séance de communication – Salle Ducros.

Communication de Monsieur Ghislain VERGNES, statisticien-économiste.

Guy DEBORD : la philosophie subversive réalisée.

Pour les cinquante ans de l’Internationale Situationniste (1957), c’est l’occasion de célébrer Guy DEBORD (1931-1994), et, en même temps, les quarante ans (décembre 1967) de la publication de La société du spectacle, exposé de la théorie situationniste.

C’est une critique radicale et globale de la société contemporaine qui trouve son inspiration dans les mouvements littéraires et artistiques de la première moitié du XXème siècle (dadaïsme, surréalisme, lettrisme). Elle tire son argumentaire de la relecture de MARX, initiée par György LUKACS, dont les analyses sont réadaptées à la société actuelle.

Pour le style, Guy Debord s’était ciselé une langue classique rappelant Bossuet, Retz, Pascal, mais aussi, pour ce qui est de ses films, les grands réalisateurs des années 40-50. Il recourait en plus à la technique du détournement (citations détournées), à l’exemple de Lautréamont.

Animés par un enthousiasme proprement renversant, les situationnistes visaient, parmi leurs objectifs, à « la réalisation de la philosophie ». Ils créèrent des concepts nouveaux sur des mots anciens : situation, dérive, spectacle… Guy Debord, penseur et stratège de la subversion culturelle et sociale, cinéaste aussi, a condensé en un film étonnant, voici juste trente ans, sa vision du monde et sa vie. Il l’a titré d’un vieux palindrome du Moyen-Age, « In girum imus nocte et consumimur igni », et à la fin il nous demande de tout reprendre depuis le début.


Samedi 12 janvier 2008

16 h 30 – Séance de communication – salle Fontan

Communication de Monsieur Riccardo DI GIUSEPPE, docteur en philosophie et en lettres classiques, professeur au Lycée classique de Todi (Italie)

Le passage de la Méditerranée :

Parménide et la métaphysique de l’Exode

Au Ve siècle, Parménide d’Élée propose une doctrine de la Vérité et de l’être qui fonde, tout simplement, la philosophie occidentale. Tout au long de deux millénaires et demi, ces questions ne cessent d’interpeller l’intelligence : elles convoquent à table – à la table des origines – des hôtes aussi reculés et réfractaires que l’abstraction logique et l’expérience mystique. D’autre part, les traditions hébraïque et chrétienne se fondent, elles aussi, en un lieu remarquable qui évoque, sans hésitations, la question de l’être : celui du buisson ardent, de la révélation du nom du Dieu vivant, à l’Horeb (Exode 3, 14). Il est étonnant de constater que ce lieu, et le parallélisme évident qu’il établit avec les origines de la philosophie occidentale passent, de nos jours, normalement sous silence. Parménide, Moïse, Jésus : sur les deux versants qui dressent l’identité occidentale les questions de l’être, du coeur et de la parole semblent aussi foncières pour la philosophie que pour la religion. En bonne méthode comparatiste, l’élargissement des données de la recherche apporterait-il des nouveaux aperçus à des questions traditionnellement philosophiques ?


Samedi 9 février 2008

16 h 30 – Séance de communication, organisée en partenariat avec la régionale de l’Association des Professeurs de philosophie de l’Enseignement Public – Salle léon XIII

Communication de Monsieur Yvon BRES, professeur émérite des Universités, directeur de la Revue philosophique de la France et de l’Etranger

Psychanalyse, tragédie, religion

« Il peut être intéressant de faire entrer dans une même réflexion trois notions : la culpabilité pédagogique telle que la conçoit la psychanalyse, la « faute tragique » comme élément nécessaire de la tragédie, et le péché tel que le conçoit le judéo-christianisme, et cela amène à une époque où, plus d’un siècle après les premiers travaux de Freud, la recherche psychanalytique et parapsychanalytique, si riche soit-elle, se désintéresse un peu de ces questions.

La culpabilité est au centre de la conception freudienne de l’homme. Certes, la pratique psychanalytique a pour tâche d’en délivrer, mais elle est d’abord là : dans le conflit oedipien de l’enfance de l’individu, dans le remords consécutif au meurtre du père primitif, à la base du « malaise dans la culture ».

A cette tâche de réconciliation fait écho ce qu’Aristote considère comme étant la fonction de la tragédie, car si l’ « effet tragique » met en jeu la terreur et la pitié, le but de la tragédie semble bien être – comme on le voit par exemple dans les Euménides d’Eschyle ou dans Oedipe à Colone de Sophocle – de dépasser la souffrance et la faute dans une conclusion d’essence religieuse au service de la cité.

Mais dès les débuts de la religion juive, et plus encore plus tard dans le christianisme, l’aveu-du-péché-en-vue-de-la-Rédemption joue un rôle semblable : le péché, et non point la faute en tant que telle, ni encore moins la culpabilité (le remords). La question est de savoir si notre époque, réfractaire à la fois à la métaphysique à laquelle s’est liée le christianisme et à la culture de la culpabilité qui a été la sienne, trouvera encore un intérêt à ce processus esthético-religieux appelant de manière un peu magique un avenir meilleur pour l’humanité » (Y. Brès)


Samedi 15 mars 2008

16 h 30 – Séance de communication – salle Léon XIII

Communication de Monsieur Jean-Marc GABAUDE, professeur émérite des Universités

Philosophia perennis

Reprise d’une communication de 1960

Reprise repensée de sa communication du 23 avril 1960. La complémentarité des histoires de la philosophie renvoie à celle des métaphysiques au sein d’une philosophie quasi-pérenne.

Développement actuel. L’épistémologie de la philosophie aboutit à une oecuménicité philosophante, théorique, avec un philosopher possibiliste sans exclusivisme, pratique avec une convergence éthico-axiologique et juridico-politique en voie d’universalisation.


Samedi 5 avril 2008

16 h 30 – Séance de communication – Salle Fontan

Communication de Monsieur Jean MONCELON, Docteur d’Etat ès lettres et sciences humaines

La philosophie de Jacob Boehme

Il sera question, dans un premier temps, de la considérer dans son développement sur les lieux mêmes où vécut Jacob Boehme, à Görlitz, aux frontières actuelles de l’Allemagne, de la Pologne et de la Tchéquie, puis, dans un second temps, de suivre son étonnant rayonnement depuis la Silésie, dans le temps, du XVIIe au XXe siècle, et dans l’espace, en direction de l’Ouest, de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la France, de la Pologne actuelle et jusqu’en Russie. Il s’agira, enfin, de montrer comment quelques-unes des idées maîtresses de Jacob Boehme ont inspiré non seulement des théosophes, tel Louis-Claude de Saint-Martin, en France, ou Franz Baader en Allemagne, et des poètes (Angelus Silesius, Novalis), mais surtout des philosophes, de Hegel à Emile Boutroux et Nicolas Berdiaev.

    Biographie succincte :

    Emile Boutroux, Le philosophe allemand Jacob Boehme, Felix Alcan, 1888 

    Nicolas Berdiaev, préface au Mysterium Magnum, 1945

    Alexis Klimov, préface aux Confessions, Fayard, 1973

    Alexandre Koyré, La philosophie de Jacob Boehme, Vrin, 1977 

    Pierre Deghaye, La naissance de Dieu, Albin Michel, 1985


Jeudi 15 mai 2008

18 h 00 – Séance de communication, organisée en partenariat avec la régionale de l’Association des Professeurs de philosophie de l’Enseignement Public – Salle Tolosa

Communication de Monsieur Evanghelos MOUTSOPOULOS, membre de l’Académie d’Athènes.

Les contraintes esthétiques de l’éthique

Conférence – hommage à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Monsieur le Professeur Jean-Marc Gabaude.


Samedi 7 juin 2008

16 h 30 – Séance de communication – Salle Decahors.

Communication de Monsieur Stéphane ROBILLIARD, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé et docteur en philosophie, professeur de classes préparatoires au lycée Saint-Sernin à Toulouse, chargé de cours à l’Institut Catholique de Toulouse.

Pouvoir et société : Louis de Bonald

Deux perspectives s’opposent traditionnellement lorsqu’il s’agit de penser l’adéquation entre la société et une forme de gouvernement : l’une, incarnée par Machiavel, Hobbes ou Carl Schmitt, se concentre sur les conditions de l’exercice et de la stabilisation du pouvoir ; l’autre, représentée par Rousseau, Hegel ou J. S. Mill, adopte le point de vue des individus, du « peuple » ou de la « société civile » pour penser son auto-structuration, autour d’un contrat social ou de rapports concrets comme les habitudes morales ou les échanges économiques. Louis de Bonald, enfant des Lumières et ardent défenseur de la Restauration, réactionnaire partisan du Progrès, « prophète du passé » et précurseur de la sociologie contemporaine, manifeste de manière particulièrement aiguë la dialectique de ces deux perspectives philosophiques.

En nous appuyant sur l’ouvrage de Robert Spaemann La naissance de la sociologie et l’esprit de la restauration (Hora Decima 2008), nous étudierons quelques-uns des paradoxes issus de cette dialectique, dans laquelle toujours les idées dépassent et débordent la position politique qu’elles avaient pour mission de défendre et d’illustrer.