Conférences 2005-2006

Octobre-décembre 2005

En partenariat avec l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public et la Faculté de Philosophie de l’Institut catholique de Toulouse, un Colloque sur « Philosophie et Éducation » a été organisé le vendredi 18 novembre 2005. Communications de Michel Nodé-Langlois, Alain Complido, André Blandin et Evanghelos Moutsopoulos.

°Samedi 14 janvier 2006, 16h30 : M. Claude BOUDET, « La réalité du pouvoir »

°Samedi 11 février 2006, 16h30 : M. Bernard HUBERT, « La science et Dieu »

Les rapports entre la science et Dieu ne se posent pas de la même manière pour les philosophes grecs, pour les philosophes de l’âge classique et, plus proches de nous, pour la philosophie positive d’Auguste Comte ou le positivisme logique du Cercle de Vienne.

En outre, si l’on s’intéresse à la science moderne elle-même, celle-ci a connu plusieurs paradigmes depuis Galilée, Newton et Einstein. Quant à la réflexion humaine sur Dieu, elle se diversifie également selon les points de vue du philosophe, du théologien et du mystique épris d’absolu.

Mettre en regard l’univers de la science et le mystère de Dieu suppose donc quelques précautions méthodologiques et épistémologiques, ce qui est une préoccupation habituelle du philosophe. A partir des ouvrages de Jean Guitton, Dieu et la science, et de Claude Allègre, Dieu face à la science, nous prendrons la mesure des conditions, des limites et des enjeux du débat passionnant où s’interpellent tous les chercheurs de la vérité.

° Samedi 18 mars 2006, 16h30 : M. Ghislain VERGNES, « Bernhard Bolzano corrige Kant »

Bernhard Bolzano (1781-1848), Prague, Empire d’Autriche.

Prêtre, professeur de « sciences théologiques », mathématicien, logicien, métaphysicien, il est ignoré de ses contemporains, mais son oeuvre est connue et admirée par Husserl (vers 1900), Cavaillès (vers 1940), Jean Sebestik (à partir de 1960), Jacques Laz (1990)…

En 1810, il réfute l’Esthétique transcendantale en critiquant le recours à l’intuition dans les jugements synthétiques a priori. Il fait de même pour l’objectivité des jugements de la physique, et pour la théorie de la construction des concepts mathématiques.

A la recherche des fondements des mathématiques, il élabore une logique sémantique et il ouvre une approche objective de l’ontologie. B. Bolzano lève l’interdiction de Kant à l’égard de la métaphysique. Son oeuvre est connue et commentée par la philosophie analytique contemporaine.


Samedi 8 avril 2006

16 h 30 – Séance de communication.

Conférence de Monsieur Patrick DUPOUEY, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé de philosophie, professeur de chaire supérieure aux lycées Saint-Sernin et Pierre de Fermat.

Evolution darwinienne et « dessein intelligent ».

Aux États-Unis et dans plusieurs pays anglo-saxons, le créationnisme connaît un renouveau. S’éloignant d’une lecture littérale des textes religieux, il s’exprime dans la thèse du «dessein intelligent » (intelligent design) : il y a bien évolution des espèces au cours du temps, mais celle-ci est dirigée selon un plan divin, seul capable de rendre compte de la complexité et de la perfection des organismes. Le philosophe connaît bien l’argument : des stoïciens à Teilhard de Chardin en passant par les différentes formes de la religion naturelle, il fonde la «preuve téléologique» de l’existence de Dieu, sans doute la plus populaire et pour laquelle Kant lui-même, qui en a critiqué le principe, déclarait éprouver un respect particulier. Une situation nouvelle est toutefois créée par la prétention agressive de certains groupes religieux à imposer la thèse du «dessein intelligent » dans l’enseignement, à égalité de traitement avec la théorie darwinienne de l’évolution. Une option religieuse et métaphysique serait ainsi présentée aux élèves et aux étudiants comme une alternative à des théories scientifiques. Cette prétention place le philosophe devant un double questionnement : épistémologique (qu’est-ce qu’une théorie scientifique ?) et politique (comment réagir à une telle contestation des principes de la laïcité ?). Il est d’autant plus urgent d’y réfléchir que rien n’indique que la France et l’Europe soient immunisées contre ces formes nouvelles d’un prétendu «créationnisme scientifique».


Samedi 20 mai 2006

16 h 30 – Séance de communication (organisée en partenariat avec l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public).

Conférence de Monsieur Franck FISCHBACH, professeur de philosophie à l’Université de Toulouse-Le Mirail, directeur du Master de philosophie.

Activité, Passivité, Aliénation.

Une relecture des Manuscrits parisiens de Marx.

Si Marx n’est pas l’inventeur du concept d’aliénation (Entfremdung ou Entäusserung, Marx usant indifféremment des deux termes et les donnant même parfois pour synonymes dans une même phrase), il reste qu’il est celui qui, en introduisant ce concept dans le champ de la philosophie sociale, en a étendu l’usage au-delà de l’étude de la conscience religieuse et de la philosophie de la religion, c’est-à-dire au-delà de la sphère pour laquelle il a d’abord été forgé par Feuerbach (lui-même en ayant hérité de Hegel, chez qui il jouait un rôle central au coeur de la théorie de la conscience et de l’esprit). Nous proposerons ici une relecture du texte qui procède à cette extension remarquable de l’usage du concept d’aliénation au-delà de son champ d’origine, à savoir les Manuscrits de 1844 : cette relecture n’a pas la prétention de proposer une interprétation nouvelle, elle veut d’abord introduire au texte de Marx en proposant une tentative d’explication et en restituant les principales lignes argumentatives de quelques passages majeurs consacrés au concept d’aliénation (Nous nous fonderons sur le texte des Manuscrits de 1844 dans la traduction d’Emile Bottigelli, Paris, Editions sociales, 1962. Nous modifierons cette traduction toutes les fois que nous le jugerons nécessaire en nous fondant sur le texte des Marx-Engels, Werke, (Ost-)Berlin, Dietz Verlag, Band 40,1985).


Samedi 13 mai 2006

Hommage à Derrida : penseur sans frontière

14 h -19 h. Médiathèque de Toulouse (grand auditorium)

Manifestation organisée en partenariat avec le GREP et l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public.

Jacques Derrida est sans conteste l’un des penseurs majeurs de notre temps : « voix singulière qui a toujours cherché à inventer un autre dispositif de pensée », « l’affrontement concerté de sa pensée aux risques de l’instabilité », « une réflexion indissociablement philosophique, éthique et politique » ; tels sont les termes employés à son sujet (Revue Europe – mai 2004). La séance a pour but de rendre ses affirmations, ses concepts, sa démarche plus accessibles à tous, de jouer le jeu du bouleversement de pensée auquel il nous invite.

De 14 à 19 heures : brefs exposés, débats, lecture d’extraits, films ou supports audiovisuels. Cinq moments seront envisagés : Derrida dans la pensée contemporaine, approches de la déconstruction, autour de l’altérité, spectres de Marx, présence et avenir de Derrida.


Samedi 10 juin 2006

16 h 30 – Séance de communication.

Conférence de Monsieur Edouard SANS, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé d’allemand, docteur d’Etat ès lettres et sciences humaines, inspecteur d’Académie honoraire.

Présence de Schopenhauer

« Après avoir situé ce philosophe dans l’esprit de son époque et avoir rappelé les lignes de force de sa pensée, je voudrais insister particulièrement sur son influence – essentiellement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, et rappeler l’actualité de sa pensée » (E. Sans).

« Schopenhauer dérange. Entré par effraction dans les palais nationaux de la philosophie à une époque où triomphait l’hégélianisme et sa croyance en la dialectique du progrès de l’esprit, ce penseur solitaire et non conformiste a fait toujours plus ou moins figure à la fois de marginal et d’iconoclaste. Solitude d’ailleurs en grande partie volontaire, car Schopenhauer a constamment manifesté une méfiance profonde, sinon une hostilité déclarée, à l’égard de «la philosophie de professeurs des professeurs de philosophie» ; mais c’est parce que, précisément, il attache une importance primordiale à la philosophie, la vraie (« le poète, dit-il, est comparable à celui qui donne les fleurs, alors que le philosophe en donne la quintessence »), une pensée de l’essentiel, qui prend en compte lucidement les problèmes fondamentaux de l’existence. » E. Sans, Schopenhauer, coll. « Que sais-je ? », P.U.F., 1993.