Conférences 2013-2014

Lundi 7 octobre 2013

En partenariat avec La Novela


18 h 30 – 20 h 00 – Séance de communication – Auditorium « Picot-Lapeyrouse », Muséum de Toulouse.

Communication de Madame Anne BAUDART, agrégée de philosophie, professeur de chaire supérieure, enseignant à Sciences-Po Paris (philosophie publique).
Secrétaire générale de la Société française de philosophie,
Vice-Présidente de l’Association internationale des Sociétés de philosophie de langue française (A.S.P.L.F.),
Membre du Comité de rédaction de la Revue de Métaphysique et de morale (P.U.F.).

Auteur de nombreux ouvrages, souvent traduits en plusieurs langues, dont :

Qu’est-ce que la Sagesse ?, Vrin, 2013,
Naissances de la philosophie politique, Le Pommier, 2006,
Qu’est-ce que la démocratie ?, Vrin, 2005,
La morale et sa philosophie (Prix Moron de l’Académie Française), Vrin, 2005,
Socrate et Jésus, Le Pommier, 1999…

PASSIONS GAÏA ET PENSER ET VIVRE ENSEMBLE

L’HOMME, FILS DE LA TERRE ET/OU AMI DES IDÉES ?

La cosmogonie grecque met en scène, dans le récit de la première génération des dieux, la divinité Terre, Gaïa, comme « assise sûre à jamais offerte à tous les vivants », entre Abîme (Khaos) et Amour (Eros), « le plus beau des dieux immortels ». La Théogonie d’Hésiode fascine Platon qui tout en voulant s’en démarquer, insère dans sa philosophie, un legs poétique ciselé par lui.

Le mythe de l’autochtonie dans la République reprend l’image de la terre nourrice, mère des hommes et des dieux, les rendant de facto « frères dans la cité » du monde et dans l’État politique. L’exigence du lien fort entre les citoyens, les appelant à un vivre ensemble harmonieux, juste, et équitable trouve ici sa source littéraire dans le mythe de la Terre-Mère.

Le Sophiste, de son côté, épris des relations de participation du même et de l’autre, définit les hommes comme « fils de la terre (gègeneis) et amis des Idées (eidôn philous) », soumis au devenir changeant et, en même temps, épris d’éternité. Socrate, un temps attiré par ceux qui expliquent tout par un principe premier d’ordre, par exemple, le Noûs (Esprit) d’Anaxagore, découvre que ce Premier n’est que matière et que son appellation d’Esprit est mensongère.

Le « tout matière » n’intéresse pas Socrate qui « change alors de navigation » et cherche un Esprit ordonnateur de tout qui ne soit en vérité qu’Esprit ou Forme purement spirituelle. Fils de la terre, Socrate n’accepte pas de s’y réduire. Ami des Idées, le regard tourné vers le ciel, il donne aux hommes de son temps l’exemple d’un penser et d’un vivre ensemble hors du commun, puisque l’exhortation à l’acceptation sereine de la mort en fait partie. La mort n’est qu’un passage vers un ailleurs dont il faut se montrer digne d’y parvenir.


Mercredi 9 octobre 2013

En partenariat avec La Novela

18 h 30 – 20 h 00 – Séance de communication – Auditorium « Picot Lapeyrouse », Muséum de Toulouse.

Communication de Monsieur Philippe RAYNAUD, professeur des universités en philosophie politique à l’université de Paris-II Panthéon-Assas. Il enseigne également à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), au Centre de recherches politiques Raymond Aron, ainsi qu’à l’Institut d’études politiques de Paris, membre de l’Institut universitaire de France

Civilité, politesse et sociabilité : la leçon des Lumières

Le 18e siècle a porté la politesse aristocratique à son apogée, mais il n’a pas ignoré que celle-ci pouvait être le masque de la domination ; il a vu néanmoins dans la civilité une des conditions du déploiement de la sociabilité naturelle. La politesse, dit Montesquieu, « flatte les vices des autres, et la civilité nous empêche de mettre les nôtres au jour: c’est une barrière que les hommes mettent entre eux pour s’empêcher de se corrompre». C’est de cette question que l’on partira pour éclairer les débats contemporains, dans un monde qui ne croit plus guère au du progrès de la « civilisation »,et qui se demande plus modestement comment on peut être « civil » dans une société marquée à la fois par la permanence de la violence et par la montée de l’exigence de liberté, d’égalité, bref, de démocratie.


Vendredi 24 janvier 2014

16 h 30 – (Bien retenir cet horaire) – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE STATUTAIRE

RÉSERVÉE AUX MEMBRES TITULAIRES

Ordre du jour

Rapport moral de l’année 2012-2013 par Madame la Présidente Patricia Verdeau

Rapport financier

Accueil de nouveaux membres

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

Communication de Monsieur Bernard Baas, Agrégé de l’Université, Docteur en philosophie, Professeur honoraire de khâgne au Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg

Le sujet, la science, la technique : Descartes, Lacan,

l’un « avec » l’autre.

Contrairement à ce qu’on pense trop souvent, la psychanalyse n’a pas prétendu rendre obsolète la philosophie de Descartes. C’est ce qu’atteste l’enseignement de Jacques Lacan, qui est allé jusqu’à affirmer que « la démarche de Freud est cartésienne ».

L’intérêt de la lecture de Descartes par Lacan ne tient pas seulement à l’originalité de sa compréhension de la philosophie cartésienne, mais aussi – par un effet de retour – à la leçon qu’il en a tirée pour l’élaboration de sa propre théorie psychanalytique. Sont ici concernés le statut ontologique du sujet dans le cogito, le fondement de la science moderne et le destin de l’existant dans l’univers de la technique – trois questions que la philosophie est ainsi invitée à repenser par les croisements d’une double lecture : lire Descartes avec Lacan et Lacan avec Descartes.

Message de Bernard Baas : « Je veux aussi vous informer que le lendemain, samedi 25, je ferai une conférence à l’université, à l’invitation d’un ami, professeur au département de psychologie, sur « Honte, subjectivation et réification »; j’y parlerai de Kant, de Sartre de Lacan et de G. Anders. Et, le samedi après-midi, les éditions Eres organisent une présentation du livre que j’y ai publié à la librairie Ombres Blanches. »


Jeudi 20 février 2014

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

En partenariat avec la Régionale de

l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public

Communication de Monsieur Philippe Soual, Agrégé de l’Université, Docteur en philosophie, HDR, Professeur de Première supérieure au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse.

Hegel et l’esthétique

La conférence portera sur l’Esthétique de Hegel. Un lieu commun indéfiniment ressassé y lit la proclamation de la mort de l’art, mais, à l’encontre de cette erreur, il s’agira de montrer deux choses : précisément, Hegel y découvre et y fonde l’esthétique, ce qui veut dire qu’il y découvre l’art comme sphère indépendante de la vie de l’esprit, distincte de la vie politique, de la religion et de la philosophie, de sorte qu’il y affirme la vie infinie de l’art. Dans son Esthétique, c’est alors la destinée de l’art moderne qui est en jeu, déjà dans la mesure où Hegel le rend possible en le pensant, jusque dans certaines de ses apories contemporaines.


Jeudi 20 mars 2014

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch, Toulouse

Communication de Monsieur Bernard Hubert, Docteur en philosophie, Membre de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse

Autorité et démocratie

L’autorité qui est nécessaire au gouvernant dans tout régime politique, est l’objet d’un examen très précis de la part d’Yves R. Simon (1906-1961) dans son traité La Philosophie du gouvernement démocratique (traduction française à paraître en 2014). Une fois précisé que l’autorité, comme principe de l’action unie en vue du bien commun, est essentielle à la cohésion de la société, Yves R. Simon considère la manière dont, en régime démocratique où le peuple est souverain, l’autorité est réellement transmise partiellement et pour un temps donné à un gouvernement qui exercera le pouvoir légitimement sous le contrôle des institutions proprement démocratiques qui encadrent une authentique délégation de pouvoir. Chemin faisant diverses théories ou objections classiques sont présentées et discutées pour faire ressortir la ligne de crête sur laquelle doit se tenir un juste et réel exercice de l’autorité.

A.N. : Bernard Hubert prépare l’édition en français du livre d’Yves Simon, La Philosophie du gouvernement démocratique, à paraître en mai 2014.


Jeudi 10 avril 2014


17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse.

Communication de Monsieur Kévin BUTON, Agrégé de l’Université.

Penser le temps dans la stratégie avec Bergson ?

Le philosophe Henri Bergson (1859-1941) est particulièrement connu pour avoir, dès son premier ouvrage intitulé Essai sur les donnée immédiates de la conscience (1889), opposé le temps de la science, temps symbolique et artificiel, avec la durée vraie, c’est-à-dire « la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre ». D’un côté, un temps pensé sur le modèle de l’espace, homogène et discontinu ; de l’autre, une succession continue d’éléments hétérogènes. Dans ses œuvres successives, notamment La pensée et le mouvant (1932), Bergson précisera encore le rôle qu’il assigne à la métaphysique et à la science : « Nous assignons à la métaphysique un objet limité, principalement l’esprit, et une méthode spéciale, avant tout l’intuition. » Parallèlement, la science aura pour objet la matière, dont elle aura une connaissance intellectuelle.

Cette bipartition se retrouve de manière analogue dans la stratégie. Un débat qui occupe la stratégie touche à son statut épistémologique : est-elle une science ou un art ? En tant que science, on doit pouvoir en dégager des lois, des régularités, elle doit pouvoir se plier à la mesure et à la prévision. Idéalement, un stratège qui possèderait tous les éléments du champ de bataille pourrait en déduire la conduite à suivre pour remporter la victoire. Le temps serait ainsi une variable parmi d’autres (le terrain, l’ennemi…)

Toutefois, si la stratégie est un art, alors elle est une réalité humaine qui échappe essentiellement à la mesure. Chaque bataille serait marquée par la personnalité du stratège, et par la rencontre unique et originale de certaines circonstances et conditions qui ne se reproduiront jamais. Dès lors, le temps n’est plus une variable parmi d’autres, mais la substance même de la guerre. Nous retrouvons alors une conception de la durée analogue à celle de Bergson : une réalité humaine essentiellement imprévisible et irréversible.

Cette fécondité de la durée bergsonienne pour la stratégie a été aperçue par différents penseurs militaires français. Nous nous demanderons, à travers une série d’exemples tirés de l’histoire militaire, dans quelle mesure la stratégie peut prendre en compte la durée comme une réalité à part entière lorsqu’elle cherche à emporter la décision. Qu’apporterait une stratégie « bergsonienne » à la compréhension des guerres contemporaines ?


Jeudi 15 mai 2014

17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse.

Communication de Monsieur Gwénolé Le Mest, professeur de philosophie au lycée Marie Curie de Tarbes.

DE SÉNÈQUE À PASCAL EN PASSANT PAR DESCARTES :

PUISSANCE CONSOLATRICE DE LA RAISON FACE À LA MORT ?

La consolation antique n’est pas une lettre de condoléances moderne où l’on se borne à exprimer toute la compassion que l’on éprouve à l’égard de ceux qui restent. Exercice qui remonterait au sophiste Antiphon, elle est un objet d’interrogation tant elle présente d’aspects déconcertants (elle peut être auto-consolatrice). Elle appartient à une certaine culture, à une certaine histoire où l’on ne laissait pas le seul temps panser les plaies de l’âme. Ne présente-t-elle qu’un intérêt de curiosité ? Cet intérêt s’attacherait à un texte vétuste dont la valeur esthétique (celle qui découle de l’éloquence du consolateur) n’interdirait pas de considérer cependant qu’il appartient à une époque irrémédiablement révolue. Dans  L’essai sur les règnes de Claude et de Néron, Diderot écrivait : « Il me semble que la consolation est un genre d’ouvrage peu commun chez les Anciens et tout à fait négligé des Modernes. Nous louons les morts qui ne nous entendent plus : nous ne disons rien aux vivants qui s’affligent à nos côtés ». En réalité, Diderot semble ignorer la fréquence des consolations antiques comme la survivance de cet exercice jusque chez Descartes. Comment juger la lettre de consolation ? Faut-il estimer que son efficacité provenait de ce que l’homme de l’Antiquité était plus réceptif que nous à la rationalité face à la mort, allant jusqu’à l’affronter avec des arguments mêlés issus de toutes les philosophies? Est-elle œuvre rhétorique ou philosophique? La distinction n’est pas totalement fondée: la consolation vise, par une utilisation thérapeutique du langage, à répondre à une certaine ambition de la philosophie – celle d’être une médecine de l’âme.

Dans la Lettre à M. et Mme Perier à Clermont à l’occasion de la mort de Monsieur Pascal, le père, décédé à Paris le vingt-quatre septembre 1651, c’est une nouvelle orientation qu’entend donner Blaise Pascal à la consolation, reprochant à la philosophie antique « d’avoir pris la mort comme naturelle à l’homme ».

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Jeudi 5 juin 2014

 
En partenariat avec la Société d’Astronomie Populaire

et l’Observatoire de Jolimont, qui nous accueillent dans leurs locaux

et avec l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public


17 h 30 – Séance de communication – Observatoire de Jolimont, 1, avenue Camille Flammarion, 31500 Toulouse [Bien noter ce changement de lieu].

Communication de Monsieur Gauvain Leconte, Doctorant rattaché à l’Université Paris 1 et à l’IHPST (Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et Techniques), Diplômé de l’Observatoire de Paris.

La connaissance scientifique de l’Univers est-elle possible ?

La question qui fait office de titre à cette intervention peut sembler étrange: c’est un fait que les scientifiques étudient l’Univers. L’astronomie n’est-elle pas la branche de la physique qui a pour objet tout ce qui existe au-delà de notre atmosphère, c’est-à-dire l’Univers dans lequel prend place notre planète bleue ?

Le premier objectif de cette intervention est de montrer que l’astronomie sous sa forme moderne – l’astrophysique – n’a pas pour objet l’Univers en tant que tel, mais les corps qui prennent place dans l’Univers. J’exposerai ensuite de sérieuses objections philosophiques contre la possibilité d’étudier l’Univers comme ensemble de ce qui est. Mais je montrerai en dernier lieu que l’on peut répondre à ces objections et qu’une science relativement jeune, la cosmologie, a ainsi pu se constituer.

On considère habituellement que l’âge moderne de l’astronomie a commencé avec les travaux de Nicolas Copernic (1473 – 1543) et de Johannes Kepler (1571 – 1630) qui ont défendu l’héliocentrisme et ouvert la voie à la conception d’un Univers infini. En m’appuyant sur les recherches des historiens et philosophes des sciences, je montrerai que cette révolution scientifique a eu deux conséquences majeures sur la science astronomique :

La Terre devenant une planète comme les autres, les mêmes lois doivent s’appliquer à sa surface et dans les Cieux. Il devient donc possible d’étudier et de comprendre les phénomènes célestes (le mouvement des planètes, la combustion des étoiles, etc.) avec les mêmes lois physiques que celles que l’on peut expérimenter sur Terre.

L’Univers devenant infini, il n’est plus représentable sous la forme d’un cosmos, c’est-à-dire d’une sphère close dont on peut décrire en détail chacun des mécanismes. Ainsi, il n’est plus possible d’étudier l’organisation de l’Univers, mais uniquement une petite partie de celui-ci, notre système solaire et l’Univers observable.

Je décris ensuite le résultat de ces transformations : l’astrophysique comme science qui traite physiquement des astres et des phénomènes célestes mais non de l’Univers comme un Tout.

Cela a amené plusieurs philosophes à douter de la possibilité même d’une étude scientifique de l’Univers. Dans la deuxième partie de l’intervention, j’expose deux exemples de critiques sérieuses à l’encontre de la scientificité de la cosmologie :

Emmanuel Kant, au XVIIIe siècle, dans La Critique de la Raison Pure, soutient que le « monde », compris comme totalité des phénomènes, n’est pas un phénomène. On ne peut en avoir d’expérience et donc de connaissance scientifique. Le monde est une Idée de la Raison pure, c’est-à-dire une notion purement spéculative qui donne lieu à des antinomies, c’est-à-dire à des débats entre des thèses contradictoires et irréconciliables.

Gaston Bachelard, en 1939, adresse des critiques différentes de celles de Kant, mais qui reposent sur le même fondement : l’Univers n’est pas un objet, c’est même un « anti-objet », car on est incapable d’avoir une expérience de l’Univers comme Tout : on peut uniquement en avoir une représentation mathématique qui prête plus aux « rêveries » qu’à la recherche scientifique.

Dans un dernier temps j’esquisserai une réponse à ces objections philosophiques en montrant qu’une connaissance scientifique de l’Univers comme un Tout dans lequel les autres phénomènes physiques prennent place en montrant comment s’est constituée une cosmologie scientifique depuis les années 1910 – mais surtout depuis les années 1960. Je défendrai que cette discipline qui décrit l’origine et le destin de notre Univers est, malgré ses spécificités, tout autant scientifique que les autres branches de la physique, et qu’elle a été rendu possible par deux facteurs :

Les changements conceptuels des notions d’espace et de temps opérés par Albert Einstein.

La transformation des méthodes d’observation et d’expérimentation au cours du XXe siècle.

Une observation du ciel est prévue dans la soirée.

La carte du ciel

> 05-06-2014
> 20 h 30 (TU
crépuscule astronomique03h55
crépuscule nautique04h52
crépuscule civil05h38
lever du soleil06h13
coucher du soleil21h13
crépuscule civil22h07
crépuscule nautique22h52
crépuscule astronomique23h49
lieu d’observation…
lattitude :43 d 36 N
longitude :1 d 27 E