Conférences 2010-2011

Vendredi 15 octobre 2010

16 h 30 : Séance de communication   salle 35

Communication de Madame Danièle PEYTAVI

« La liberté est la raison d’être de la politique. » Hannah Arendt

Hannah Arendt, à partir de 1933, s’attache à établir la compréhension de ce qu’elle considère comme une perversion radicale et monstrueuse de la politique, à savoir, la séparation de la politique et de la liberté. Séparation dont l’avènement d’Hitler et la montée des totalitarismes sont les symptômes les plus aigus. Toute l’entreprise intellectuelle de la philosophe va consister à comprendre cet événement, jusqu’à parvenir à la thèse provocante, polémique : « la liberté est la raison d’être de la politique. » A quelles conditions et en quel sens peut-on soutenir une telle proposition ?


Mardi 23 novembre 2010

16 h 30 – Séance de communication  salle 35

Communication de Madame Géraldine LEPAN, Maître de Conférences à l’Université de Toulouse II – Le Mirail

Amitié, concorde et lien politique chez Hobbes

Peut-on édifier une philosophie civile sur le rejet de l’amitié, au moins sur sa relégation dans la sphère privée ? Hobbes est pris ici comme représentatif de la rupture d’un cadre de pensée où la sociabilité était conçue comme la vocation de l’homme, et de l’effacement de l’amitié chez les modernes. Avec lui, le contrat cesse d’être subordonné au lien social, et les relations affectives se transforment en relations de besoin et relations contractuelles. Plutôt que d’une élimination de l’amitié, on parlera plutôt d’une instrumentalisation de l’amitié qui s’accompagne d’une redéfinition des frontières de la morale et du juridico-politique, sensible dans la transformation de « l’amitié » en « civilité ».


Mardi 14 décembre 2010

16 h 30 – Séance de communication  salle 35

Communication de Madame Marie-Thérèse DUFFAU

La philosophie de Mgr Bruno de Solages

Mgr Bruno de Solages est tout d’abord un thomiste. Il admire le cardinal Mercier et se réfère à ses ouvrages, notamment en métaphysique. Il est lui-même l’auteur d’une Initiation métaphysique. Considéré comme un «esprit aristotélicien» par ceux qui suivent ses cours, il souhaite concilier thomisme et apport d’autres penseurs. Il cite dans ses discours saint Augustin, Pascal mais aussi Bergson, dont il retrouve l’influence dans les travaux de son ami le Père Teilhard de Chardin. Il correspond avec le philosophe lyonnais des Semaines Sociales Joseph Vialatoux afin de déterminer la problématique de certains sujets de cours et de répondre au Père de Broglie. Comme le Père de Lubac il souhaite montrer dans ses travaux les liens étroits entre le naturel et le surnaturel. Il correspond aussi avec Maurice Blondel qu’il défend, et avec Jacques Maritain. Solages s’intéresse à la philosophie des sciences, à la philosophie de l’histoire et s’oppose à l’existentialisme.


Mardi 18 janvier 2011

16 h 30 : Séance de communication – salle 35

Communication de Monsieur Christian LOUBERE, agrégatif, titulaire d’un Master II de philosophie

Le surnaturel dans l’œuvre de Simone Weil

« L’homme ne pourra jamais de lui-même produire quelque chose de meilleur que sa propre nature » (cf. Cahier ix, 1942, [238]3).

Le surnaturel est l’une des questions centrales de la pensée de Simone Weil. Il s’agit pour elle de considérer sa nécessité comme la manifestation d’une aspiration, celle de la transformation de la nature de l’homme. Pour Simone Weil, l’homme est déchu et il ne peut accéder à autre chose qu’à la tragédie d’exister comme séparé, désuni dans l’horizon de la lutte et de la force. Cette errance de sa nature, irréversible, fait de lui un prisonnier et un spectateur de son malheur. Le surnaturel vient donc s’opposer à cette condition désespérée de l’homme, laquelle le rend incapable de produire autre chose qu’elle-même. En ce sens le malheur est la vérité de l’homme, répétition de la chute originelle dans l’existence, à la fois création et péché, qui est abdication de Dieu. Le surnaturel s’impose ainsi à la nature humaine comme un dépassement, l’exigence d’une expérience d’un au-delà de sa condition. Le surnaturel est donc expérience de la divinité perdue de l’homme qui l’engage dans un bouleversement de sa condition d’existence, aussi bien matérielle que spirituelle.


Vendredi 18 février 2011

16 h 30 – Séance de communication – salle 35

Communication de Monsieur Eric BORIES, professeur de classes péparatoires au Lycée Pierre de Fermat, Toulouse. 

Hegel et la querelle de l’institutionnalisme

Hegel s’est appliqué à renvoyer dos à dos les thèses de ceux, théoriciens du droit ou juristes, qui voulaient reconnaître dans une norme ou dans une décision, le fondement de l’ordre juridique. C’est pourquoi les lecteurs de la philosophie du droit hégélienne, une fois avertis de ce double refus, se satisfont souvent de celui-ci pour retenir le trait institutionnaliste du droit hégélien. Or je voudrais ici montrer que cette lecture, qui repose sur un savoir de ce qu’exclut le système hégélien, demeure à l’origine d’interrogations engageant le lien entre le droit hégélien et la liberté effective, lien souvent impensé, sans doute même refoulé et détourné vers une représentation de l’Etat hégélien comme « le plus froid des monstres froids. » Or il s’agit ici de revenir sur cet impensé de l’institutionnalisme hégélien pour établir en quoi l’aspect non résolu, ou pire, résolu de façon expéditive, de certains problèmes, conduit à ce que je nomme ici une controverse de l’institutionnalisme. Comment, tout d’abord, le droit hégélien peut-il se développer selon une « seconde nature » tout en refusant de penser la nature comme commencement ou fondement du droit, autrement dit en refusant l’existence d’une nature première ? Comment d’autre part, ne pas reconnaître chez Hegel un « institutionnalisme fort », fondamentalement susceptible de sacrifier la liberté individuelle sur l’autel d’institutions judiciaires, législatives et exécutives absolues ? Comment en effet, et enfin, pourrait-on penser une force de l’institution sans affirmer la puissance indiscutable et primordiale du pouvoir de l’Etat ?


Mardi 22 mars 2011

17 h 30 – Séance de communication – salle 35

Communication de Monsieur Jean-Pierre VALLA, professeur honoraire de classes préparatoires.

Actualité de Spinoza

Depuis la fin des années soixante jusqu’à nos jours l’intérêt suscité par la philosophie de Spinoza n’a cessé de croître. En témoignent, ne serait-ce qu’en France, les nombreux commentaires qui lui ont été consacrés, dont ceux de Guéroult, Deleuze, Matheron, Negri, Macherey, Moreau… pour ne citer que les plus connus. L’attraction qu’exerce la pensée de Spinoza sur nos contemporains provient, sans doute, de ce que, au-delà de l’analyse de sa problématique philosophique prise pour elle-même, nous trouvons dans la pratique théorique de Spinoza les outils conceptuels qui nous permettent de saisir notre présent. En ce sens, et selon l’expression de P.Macherey, nous pensons « avec Spinoza ».C’est ce « penser avec » qui sera l’objet de ma communication. Je prendrai comme matériau, base et point de départ, le dernier livre de F.Lordon : Capitalisme, désir et servitude (éd. La Fabrique Sept.2010). Ce texte me semble exemplaire car il articule l’éthique spinoziste à la critique de l’économie politique marxiste afin de mettre en lumière les problèmes sociaux et idéologiques de notre temps. Ce qui exige bien évidemment que soient redéfinis les concepts de Spinoza et de Marx. C’est à ce prix que s’éclairent les drames (suicides au travail), les servitudes que nous vivons (échec des mouvements sociaux), bref ce que nous appelons la « crise » dans toute son extension. Il me semble donc que l’on peut, à partir de l’analyse du livre de Lordon, interroger de façon lucide et critique les présupposés qui commandent l’interprétation- compréhension de notre présent, autrement dit qui commandent la mé-connaissance de nos problèmes.


Mardi 12 avril 2011

16 h 30 : Séance de communication – salle polyvalente

Communication de Monsieur Gwénolé Le Mest, Professeur au Lycée Marie Curie de Tarbes, vice-président de la Régionale de l’APPEP.

Questionner le questionnement philosophique 

pour réinterroger finalement Descartes

La nécessité de questionner le questionnement philosophique est apparue une préoccupation affirmée dans la philosophie la plus récente. L’interrogation étant constitutive de la pensée philosophique, la philosophie deviendrait inévitablement érotétique. La question du mystère qui ramène toute réponse à l’irréductible puissance de la question posée engage le problème de l’essence et de la destinée même de la philosophie qui a su manifester un potentiel – certes discuté – de résistance au progrès des sciences. D’une philosophie du mystère il faut bien passer au mystère même de la philosophie qui ne cesse de s’interroger sur elle-même et sur les questions qu’elle peut, doit ou ne doit pas se poser. Une attention portée à l’histoire de la philosophie devrait révéler que questionner le questionnement a été, il y a déjà longtemps, une préoccupation majeure des philosophes. Le moment philosophique du doute cartésien symbolise bien cette interrogativité philosophique radicale dont on peut se demander si elle révèle le philosophe en le faisant naître. Descartes a douté pour ne plus douter mais il insiste sur la longue durée requise afin de réfléchir aux « choses que l’on peut révoquer en doute ». La complexité foisonnante du doute cartésien se mesure à l’ampleur des polémiques exégétiques (parti pris de douter disait Liard, doute sincère répondait Hamelin…) comme à l’addition des qualificatifs qui le déterminent, mais Descartes lui-même nous assure qu’il est tout simplement philosophique.

La première des « Méditations métaphysiques » invite à une relecture acheminant vers une interrogation qu’Husserl suscitait en 1929: est-on, avec ce moment mémorable du doute cartésien, en présence du prototype exemplaire de toute philosophie ?

Cette conférence sera accompagnée d’une animation visuelle, présentant des créations du conférencier (dessins liés la philosophie).


Mardi 17 mai 2011

16 h 30 – Séance de communication – salle 35

Communication de M. Marc Conturie, titulaire d’un Master II en philosophie

Y a-t-il une morale dans la philosophie de Bergson ?

On sait que le bergsonisme fut non seulement une doctrine réinstaurant la métaphysique, au début du XXe siècle mais un courant qui dépassa le cadre des cours de Henri Bergson au Collège de France. Comme l’existentialisme à une autre époque, le bergsonisme a eu ses adeptes, ses mœurs, sa façon de parler, etc. Il faut toutefois dépasser les considérations plus ou moins triviales, ou d’ordre sociologique, pour aller vers la doctrine même dans son essence et tâcher de voir si réellement elle contient une source d’enseignement moral. Ce n’est pas parce que le bergsonisme peut être affiché dans des slogans politiques par exemple (comme l’a fait remarquer Gustave Rodrigues dans Bergsonisme et moralité au début des années 20) qu’il atteint réellement les gens dans leurs choix existentiels ou dans leurs habitudes quotidiennes. La question va donc se poser pour nous de savoir si une morale bergsonienne existe et, au cas échéant, ce qu’elle est.


Mardi 14 juin 2011

17 h 30 – Séance de communication – salle 35

Communication de M. Michel Nodé Langlois, Professeur en classes préparatoires au Lycée Pierre de Fermat de Toulouse

Qu’est-ce que les Lumières ?…

… tel fut le titre de quelques opuscules rédigés dans les dernières décennies du siècle ainsi dénommé, dont le plus célèbre reste celui de Kant. Le thème est redevenu un objet d’analyse, de débat, voire de polémique, surtout depuis la célébration du bicentenaire de la Révolution française. Il est vraisemblable que l’usage consacré, en français, du pluriel – au contraire de l’Aufklärung allemande, ou de l’enlightenment britannique – soit la manière la plus adéquate de désigner ce qu’il est impossible de considérer comme une philosophie unifiée, ni même comme une posture intellectuelle univoque, tant les qualifications auxquelles on a ou est tenté de les ramener se révèlent contestables à l’examen : irréligion, rationalisme, humanisme, critique… par exemple.