E. Norre, Etre soi en tant que femme. Repenser l’affirmation de l’identité à travers les concepts de « sujet pluriel » et d’ « engagement conjoint » de Margaret Gilbert

Vendredi 26 mai 2023 – 18 h 30 – Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse

Si entrer dans un système social qui est celui du groupe social femme par l’attribution d’un genre à la naissance semble aller de soi, se conscientiser comme appartenant à ce même genre relève d’un processus plus complexe. Processus qui nécessite alors de repenser ce qu’est un groupe social. Plus précisément, de repenser le passage du groupe au non-groupe en s’interrogeant sur ce qu’on peut dire d’un groupe – un peuple, une entreprise ou un syndicat au sujet de ce qu’il pense, fait ou croit. Sur la question de savoir si on peut reconnaître à ces entités collectives une certaine réalité, une des réponses est de dire que les entités collectives n’existent pas, seule la somme des individualités existe, tel que le soutient Anthony Quinton, en 1974 dans son article Social objects. Dans ce contexte, Margaret Gilbert écrit, en 2003, Marcher ensemble, elle se demande ce que c’est qu’agir ensemble et son modèle c’est la promenade. Ne considérant pas ça simplement comme deux personnes qui marchent côte à côte mais relevant un modèle d’articulation collective qu’elle nomme « sujet pluriel » appréhendant alors le groupe en un sens non sommatif, cependant basé sur « un engament conjoint » entre les individus.

            Repenser le concept de sujet pluriel chez Margaret Gilbert c’est essayer de l’appliquer au cas des femmes en tant que groupe social. Tenter alors de rendre compte de la complexité qui réside dans le fait de s’affirmer d’une part en tant qu’individu singulier et accepter d’autre part d’oublier cette individualité au profit de ce corps unique : le corps social des femmes. Il s’agit là alors de distinguer sujet personnel et sujet pluriel, ainsi qu’interroger ce passage entre les deux. C’est interroger ce lien flou entre être un soi distingué des autres et être un soi avec les autres. C’est repenser la nature du rapport entre le concept d’engagement conjoint dont parle Margaret Gilbert comme d’un acte délibéré synchronique, la femme en tant qu’elle ferait en ce cas valoir la voix de son individualité. Et le concept de sujet pluriel qui semble paradoxalement rompre avec cette individualité, en tant que le groupe social femme serait une entité à supérieure et diachronique.