Faire sens du non-sens : de la question du pourquoi vivre et du rapport à la possibilité du suicide chez Schopenhauer et Maïnlander

Lundi 25 novembre 2024, 18 h, Maison des Associations, 3, place Guy Hersant, Toulouse.

Conférence de M. Pierre Héraud, professeur de philosophie, étudiant en Master II.

         « Qui ne s’interroge pas est une bête, car le souci constitutif de toute vie humaine est celui de son sens. » Par cette formule qu’il emploie dans son ouvrage majeur, Le Monde comme Volonté et représentation, Arthur Schopenhauer pose le premier jalon d’un questionnement profond sur le sens et la valeur de l’existence humaine, et qui se solde le concernant par une fin de non-recevoir définitive, puisqu’il nous enjoint, comme lecteurs, à ne pas venir chercher chez lui des raisons de vivre. Il affirme, ce faisant, le caractère inévitablement et systématiquement préférable du non-être vis-à-vis de l’être, et affiche son mépris radical pour l’existence, qui ne peut trouver pour lui ni sens ni justification sur le plan de la valeur, de même qu’elle ne nous laisse aucun espoir de rédemption. Sa pensée, qui constitue en quelque sorte l’acte de naissance du courant philosophique pessimiste en Allemagne, ne se prolonge pas cependant jusqu’à la conclusion qui pourrait pourtant sembler légitime, à savoir une apologie du suicide. Si Schopenhauer rejette en effet avec force cette possibilité, celle-ci sera traitée et même défendue, jusqu’à un certain point, par l’un des nombreux auteurs méconnus qui se sont inscrits dans son sillage, et que l’histoire de la philosophie semble avoir oubliés, Philipp Maïnlander. En effet, ce dernier entreprend de refonder l’espoir que la philosophie de Schopenhauer nous refuse, puisqu’il voit dans la possibilité de la mort choisie, non pas simplement un aveu de faiblesse, la manifestation d’une incapacité à endurer les souffrances imposées par l’existence, mais au contraire l’aboutissement d’une démarche philosophique qui permet de s’émanciper de l’illusion selon laquelle la vie vaudrait d’être vécue, ainsi que l’occasion d’une affirmation pleine et ultime du soi.