Vendredi 19 septembre, 18 h. Conférence de Patricia VERDEAU, INSPE Toulouse Occitanie Pyrénées.
Quand Baptiste Morizot parle dans Manières d’être vivants, d’« égards » envers la nature, il remet en cause un ancien couple conceptuel action/contemplation. La nature ne serait pas de l’ordre d’un beau décor, mais de ce qui mérite une attention spécifique, avec ce qu’il peut y avoir de troublant dans une attention dont l’objet peut rester mystérieux. Les racines font partie de ces éléments naturels que nous ne voyons pas toujours. Il y aurait matière à s’occuper d’une éthique du végétal, mais avec la question des racines, la problématique se trouverait bien remontée d’un cran, puisqu’elles touchent, avant tout, les conditions de vie, de développement et d’existence du végétal.
Comment penser les racines, un rapport aux racines, sans y engager une démarche anthropocentrée ? Il sera alors intéressant de voir ce qu’une pensée littérale des racines permet d’apporter à la pensée d’une transition écologique. Il s’agira de prendre au sérieux les racines mêmes, dans leur structure et dans leur existence. Ce sera l’occasion de questionner les échanges racinaires, ce qu’ils permettent et la manière dont ils se situent, alors que par ailleurs, les racines renvoient à des rapports entre fixité, structuration et régulation, en préservant par exemple l’eau et les dunes. Comment alors, au-delà de cette double inscription dans une communauté rhizomique et dans une fixité, peut-on entendre les racines ? C’est là, sans doute, l’enjeu d’un lien serré à établir entre philosophie, éthique et sciences pour prendre la mesure d’une altérité absolue des racines dans le concert des vivants, d’un langage autre et propre – à décrypter dans les décennies à venir –, d’une autre réception du monde, d’une autre mémoire.