Lundi 29 novembre 2021
15 h 30 – Séance de communication
Lieu : Salle A 100 – INSPE Toulouse Occitanie Pyrénées, 181, avenue de Muret, Toulouse. Tramway : arrêt « Avenue de Muret- Marcel Cavaillé »
Communication de Madame Chloé MANCEAU, professeur de philosophie et étudiante de Master II MEEF.
Engager de nouvelles dynamiques dans l’enseignement de la philosophie par le biais du rap français
La philosophie permet de faire apparaître et révéler l’ordinaire et le familier. Philosopher, c’est d’abord poser des questions sur soi-même, discuter avec soi-même ; c’est examiner les réponses possibles. Mais c’est aussi communiquer ces questions et ces réponses à autrui par un biais, pour confronter ces ordinaires. Si la philosophie commence par l’étonnement, c’est parce que nos premières interrogations portent sur ce qu’il y a de plus immédiat à voir : l’ordinaire. Interroger son monde, c’est tenter de mieux le comprendre, c’est engager un pas de côté par rapport à son point de vue mondain pour le saisir de nouveau et s’engager au mieux dans le monde. Ce dévoilement de l’ordinaire est une opération indéfinie, et plus notre expérience se déploie, plus les aspects à réfléchir sont nombreux : on n’en finit pas de philosopher. La philosophie crée un lien entre le monde et moi, entre les autres, le monde et moi. Enseigner la philosophie, c’est procéder à cette rencontre entre des ordinaires, mais c’est aussi se heurter à l’imaginaire que les élèves déploient par rapport à cette discipline. Il s’agit donc, pour l’enseignant.e de philosophie, de guider ses élèves vers l’autonomie de leur esprit critique en leur rappelant que chaque aspect de son enseignement révèle un aspect de leur appréhension du monde. Comment alors apprendre à philosopher en classe, et non seulement apprendre des philosophies ? L’alliance entre l’art et la philosophie me semble offrir une piste de réponse : ils s’imbriquent essentiellement afin de favoriser la constitution de l’appréhension du monde par un individu ; ils donnent à voir et à comprendre. L’un représente le singulier, l’autre appréhende le général; l’un exprimerait l’apparence, l’autre l’essence. Cependant, il s’agit désormais de démanteler ces dichotomies
historiquement acquises et intégrées, dans l’optique d’une réelle communication entre la philosophie et le rap, car ces conceptions intrinsèquement humaines possèdent la même démarche commune visant à plonger dans les tréfonds du grouillement des passions et instincts humains, pour ensuite en émerger, porteuses de clés de compréhension symbolisant le processus d’une saisie de l’individu de soi par soi médiatisée ces disciplines. En ce sens, il nous appartiendra de saisir les enjeux et les bénéfices que peuvent présenter la volonté de faire communiquer rap et philosophie ensemble dans une perspective pédagogique. Comment permettre un renouvellement de l’apprentissage philosophique par le biais d’une culture populaire en prise sur le réel ? Nous commencerons par présenter le rap dans son esthétique, et comprendre ses enjeux, pour ensuite commencer à créer le pont entre lui et la philosophie, et s’immiscer dans la raison pour laquelle ces deux pôles peuvent êtres rejoints; pour enfin pratiquer cette communication en créant le dialogue entre les thématiques et auteurs philosophiques ainsi que les morceaux de rap et les rappeurs. Faire dialoguer ces pôles ensemble, c’est aussi vouloir créer un Nous particulier, celui de salle de classe ; un Nous inclusif qui donne les clés nécessaires pour réintégrer le Nous social.