Vendredi 14 octobre 2016
17 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Pierre BESSES, professeur honoraire à l’université de Toulouse 2 études anglo-saxonne.
La révolution transhumaniste selon Luc Ferry
Les nouveaux enjeux éthiques de la troisième révolution post-industrielle
Les progrès des techno-sciences échappent encore à toute régulation étatique. Dans sa version optimiste, le Web, cette infrastructure du monde, permet l’apparition d’une économie collaborative symbolisée par UBER. Selon Rifkin, ces progrès annoncent la fin d’un capitalisme de prédateurs au profit d’un monde post-moderne de gratuité et de soucis de l’autre.
Dans sa version pessimiste, nous nous dirigeons aussi vers un hyper-libéralisme vénal et dérégulateur. A la croisée des deux chemins possibles, Ferry réhabilite la régulation perdue dans les démocraties occidentales soumises à la servitude volontaire de la pensée unique.
Si en bioéthique cette révolution transhumaniste exige cette valeur contre toute dérive eugéniste, elle suppose aussi le dépassement d’un moi narcissique pour se construire une identité post-moderne également constitué d’une dimension altruiste de bienveillante et de justice. De là un transhumanisme hybride composé d’une éthique utilitariste et libertaire au sens camusien. Celle-ci navigue entre néo- libéralisme régulé et social- démocratie.
Dans son essence, cet idéal politique aurait aussi valeur de catégorie capable de transcender l’antinomie pessimiste/optimiste, pour penser la troisième révolution industrielle. Mais cette révolution se réduit à un idéal politique de régulation au sens grec de fixer les limites en matière d’écologie, d’économie et de finance. Dans les démocraties cet idéal s’exprime dans le débat entre bio-progressistes et bio- conservateurs sur les effets de la techno-médecine et de l’ubérisation. L. F. est assez critique pour apporter une première clé explicative de l’échec fatal de cette utopie post-moderne, simple idéologie du néo- capitalisme américain dans la Silicon Valley. Pour le procureur de la pensée 68, l’homme augmenté signifie la dépossession démocratique dont sont coupables les ennemis de Rousseau et de Tocqueville (pp. 200-201). Pour imposer des règles à la société civile, pour imposer des bornes à la logique de l’individualisme moderne, il faut un État fort capable d’être respecté par une sphère privée dont il est responsable (p. 200).
Le non- dit de cette sagesse hybride est d’occulter l’enjeu fondamental de ce transhumanisme américain maquillé par Rifkin en meilleur des mondes à venir : il est aussi un nihilisme : en effet pour les tenants de l’homme augmenté, défier les limites biologiques ne suffit pas. Ces sophistes rêvent d’une pure fonctionnalité, affranchie de toute singularité individuelle. Une civilisation qui a sacralisé l’homme des lumières et de 89 est maintenant en train de passer à sa liquidation.
17 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Jacques BARDOU, docteur en philosophie, formateur aux concours internes de philosophie.
érégulateur.A la croisée des deux chemins possibles ,Luc Ferry réhabilite l‘idéal de la
Boire à la source de notre soif de vérité
Comment se fait-il que nous ayons soif de vérité? Telle est la question à laquelle nous allons tâcher d’apporter un commencement de réponse, tâche du conférencier et tâche à laquelle il conviera chaque personne de son auditoire en espérant de chacune une participation par des questions, remarques, objections. Tant il est vrai que la recherche de vérité exige une entraide, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de la recherche particulière à laquelle nous nous consacrerons : chercher la vérité au sujet de l’attitude consistant à chercher la vérité. Cette réflexivité peut certes paraître vertigineuse et réservée à des acrobates futiles ou du moins aux amateurs d’escalade philosophique, mais elle provient d’une caractéristique commune à tous les êtres humains qui sont conscients d’exister, à savoir le fait d’être conscient d’exister et le fait que cette conscience ne s’ajoute pas à notre être mais, au contraire, le constitue de manière centrale. Autrement dit, « être » consiste surtout à être présent à soi-même. Après avoir soigneusement commencé de constater ce fait et son caractère paradoxal, nous ne serons pas trop surpris de commencer à dé-couvrir que notre soif de vérité est fondamentalement une soif de découvrir l’origine de cette soif, c’est à dire un désir de boire à la source de cette soif, et après avoir soigneusement commencé de constater ce fait et son caractère paradoxal, nous ne serons pas trop surpris de commencer à dé-couvrir que notre soif de vérité est fondamentalement une soif de découvrir l’origine de cette soif, c’est à dire un désir de boire à la source de cette soif, et nous éprouverons du même coup la joie de commencer de boire à cette source.
Mais la découverte de cette source et la possibilité de s’y désaltérer ne peuvent pas avoir lieu sans que soit prise une décision qui a de quoi faire peur à prendre et dont la perspective est donc propre à alimenter notre tendance à sophistiquer. Quelle décision ? La décision d’assumer notre soif spontanée de vérité, c’est à dire la décision de nous conformer à la finalité naturelle de cette soif, finalité qui est d’abord de donner lieu à cette décision.
Pour mener ce combat spirituel contre soi-même, dans le but aussi d’être en empathie fraternelle avec les diverses personnes croisées sur notre route, nous trouverons de l’aide sous la plume d’auteurs notoires dénonçant ou soutenant tel ou tel sophisme par lequel nous sommes tentés, tel ou tel risque d’erreur au sujet de la recherche de la vérité, mais nous tâcherons de ne pas nous référer explicitement à eux durant la conférence strictement dite, cela afin que sa claire compréhension ne soit pas réservée à des professionnels de l’histoire de la philosophie ou de la théologie. Les références précises à des passages d’ouvrages seront données en bibliographie distribuée aux personnes de l’auditoire en même temps qu’un plan de la conférence et quelques citations.
17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Olivier Torres, professeur agrégé de lettres en classes préparatoires au Lycée Pierre-Paul Riquet de Saint-Orens.
« La grande phrase humaine en voie toujours de création »
Saint-John Perse, Poésie et histoire
Au mois de juillet 1940, Alexis Léger quitte la France pour les États-Unis. Démis de ses fonctions officielles, l’ancien Secrétaire Général du Quai d’Orsay retrouve dans l’exil la figure du poète que les responsabilités politiques et diplomatiques avaient longtemps occultée.
Mais l’œuvre qui naît de cette double expérience, la mort civique du haut fonctionnaire et la renaissance de l’écrivain marque un tournant dans la poétique de l’auteur.
Comment la poésie peut-elle éclairer la connaissance de l’homme et de l’Histoire, prendre le relais du divin et du discours philosophique, au moment même où la science jette sur le monde l’éclat aveuglant de l’atome?
De la rédaction du poème Vents, durant l’été 1945, au discours Poésie prononcé en décembre 1960 à Stockholm, lorsqu’il reçoit le prix Nobel de littérature, Saint-John Perse développe une vision de l’Histoire qui se nourrit à la fois de philosophie et de mythologie, et qui prétend égaler la démarche scientifique dans son exploration du monde et de l’être. Mantique du verbe poétique qui convoque les mystères dionysiaques aussi bien que les sources assyriennes, et idéal vitaliste que le poète a nourri au fil de ses lectures philosophiques.
17 h 30 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Malika Benguela, professeur de lettres au Lycée Marie Curie, spécialiste de la littérature concentrationnaire.
La Shoah : le crime « ontologique »
« Holocauste, génocide, ethnocide, destruction des Juifs d’Europe, Shoah »… Autant de termes pour tenter de nommer l’événement le plus sidérant de l’ère moderne. Comment, en effet, dire l’indicible de l’extermination et exprimer l’ineffable déréliction d’un peuple abandonné de tous ? Comment transmettre la mémoire de plus de six millions de disparus sans l’aumône d’un dernier souffle ? Que nous disent la sémantique, la littérature et « l’Histoire avec sa grande hâche » sur ce crime contre l’humanité prise à sa naissance, sur l’annihilation de l’essence même de l’homme ? Ce sont ces questions, entre autres, qui guideront mon intervention, sachant que je vous convie à découvrir un humanisme qui côtoie l’inhumanité. Cependant, « un crime insondable appelle une méditation inépuisable », (Jankélévitch : L’Imprescriptible).
17 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Jad Hatem – Professeur de philosophie et de mystique comparée à l’Université Saint Joseph de Beyrouth
Schelling, Dieu et le mal
Si Dieu est bon d’où vient le mal, et dans ce cas est-il substantiel?
C’est la question dont on suivra le fil de Platon à Schelling. Le thème est traité différemment selon que Dieu apparaisse comme tout-puissant ou pas, comme créateur du monde ex nihilo ou pas. Plus il est puissant, moins de réalité substantielle on accorde au mal. Deux thèses alternent et s’opposent : le mal n’est rien et le mal a pour origine ou la matière ou la divinité elle-même, soit à titre de possibilisation, soit comme actualité. Les Recherches sur la liberté humaine de Schelling viennent couronner cette dialectique dans une synthèse supérieure qui tout à la fois perçoit dans la nature de Dieu l’origine du mal et conçoit une réalité du mal qui ne soit pas substantielle.
Vendredi 28 avril 2017
17h 00 – Assemblée générale exceptionnelle de la société de philosophie afin d’élire un nouveau trésorier. Tous les membres de la société de philosophie sont conviés à participer à cette réunion.
18 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Anthony Lavardez, diplômé en Master 2 de philosophie, agrégatif, stagiaire à l’ESPE de Toulouse.
Raison et sanctification chez Maurice Blondel : un dynamisme
philosophique
« La philosophie doit être la sainteté de la raison. On n’y est pas compétent parce qu’on est intelligent et méditatif. Il faut être homme, il faut être chrétien, il
faut être saint : c’est là l’expérience nécessaire. »
« Il faut que je sois le saint raisonnable, dans la vie commune, le type de l’union équilibrée de la pensée et de la foi. Qu’ai-je fait pour cela ? Rien et je suis au
milieu de la vie. »
Ces deux extraits des Carnets Intimes du philosophe Maurice Blondel nous laissent entrevoir une approche originale qui semblerait s’apparenter de prime abord à une
alliance de contraires…
En définissant la philosophie comme un chemin de sanctification pour la raison et le philosophe comme celui dont la raison est sainte, celui-ci établit un
rapport de correspondances inédit entre des champs souvent séparés ou hermétiques entre eux. Est-ce vraiment rigoureux au plan épistémologique,
apologétique, de la théologie naturalisée et de la philosophie théologique ?…
Vendredi 19 mai 2017
17 h 00 – Séance de communication – Maison des Associations, 81, rue saint-Roch ou 3, place Guy Hersant (même lieu), Toulouse, salle 19.
Communication de Monsieur Guillaume Biren, professeur agrégé, doctorant en philosophie.
Le concept de régime d’historicité : un nouvel outil pour penser l’histoire ?
L’historien François Hartog a développé le concept de régime d’historicité pour penser la pluralité des rapports au temps, en puisant dans un large éventail de sciences humaines, que se soit l’histoire, l’anthropologie ou la philosophie. Il présente en particulier ces « manières d’articuler présent, passé, et futur et de leur donner sens » dans son ouvrage Régimes d’historicité, Présentisme et expériences du temps, publié en 2007. Ce concept présente un intérêt philosophique de premier plan, face à la nécessité pressante de penser le devenir historique alors même que les outils traditionnels d’une certaine philosophie rationaliste de l’histoire nous apparaissent inopérants.
Nous présenterons ce concept en suivant sa genèse pluri-disciplinaire dans le travail d’Hartog, mettant en avant sa quadruple racine : Claude Lefort, Claude Lévi-Strauss, Marshall Sahlins et Reinhart Koselleck.
Ce faisant nous mettrons en évidence une limite de la lecture proposée par Hartog de ces quatre auteurs, qui néglige selon nous la dimension de conflictualité sociale sous-tendant les diverses temporalités.
À l’aune de cette analyse nous proposerons une refonte du concept de régime d’historicité, en insistant sur la complémentarité indissociable du social et de l’historique et évaluerons à partir de là l’hypothèse d’Hartog d’un basculement contemporain dans un nouveau régime d’historicité : le présentisme.