Vendredi 10 octobre 2008
15 h 30 (bien retenir cet horaire, lié à la disponibilité du conférencier) – Séance de communication – Salle à déterminer
Communication de Madame Létitia MOUZE, agrégée et docteur en philosophie, maître de conférences à l’Université de Toulouse II – Le Mirail.
Le projet politique platonicien est-il utopique ?
On qualifie volontiers le projet politique platonicien d’utopie, en se référant à la République, dialogue dans lequel Platon met en place un régime politique fondé sur la remise du pouvoir au philosophe. Il s’agira dans le cadre de cet exposé de s’interroger sur la pertinence de cette appellation, qui est aussi un jugement de valeur – négatif. Pour ce faire, on définira rigoureusement le concept d’utopie, qu’il faut distinguer du sens ordinaire de ce même terme, en s’appuyant sur les textes dits utopiques, et en particulier le premier d’entre eux, celui de Thomas More. C’est à la lumière de cette définition que l’on examinera et évaluera le projet politique platonicien, tel qu’il est mis en place dans la République, mais aussi dans les Lois.
JOURNEE D’ETUDES SUR « BERGSON ET SON SILLAGE »
organisée en partenariat avec la Faculté de Philosophie de l’Institut Catholique de Toulouse
et avec l’Association des Professeurs de philosophie de l’Enseignement Public (Régionale de Toulouse).
Salle Léon XIII
14 h : accueil
14 h 30 :
Vieillard-Baron (J.-L.), Professeur à l’Université de Poitiers, « Bergson comme nœud de tendances très différentes, son influence sur Albert Thibaudet et Louis Lavelle »
15 h 15 :
Verdeau (P.), PRAG Ecole Interne de l’Université de Toulouse II – Le Mirail, « Edouard le Roy et Bergson »
Pause
16 h 30
François (A.), PRAG Université de Toulouse II – Le Mirail, « Le temps : synthèse active ou passive ? L’anti-bergsonisme bergsonien de Merleau-Ponty, et le bergsonisme anti-bergsonien de Deleuze »
16 h 45
Robilliard (S.), Professeur de classes préparatoires au lycée Saint-Sernin à Toulouse, chargé de cours à l’Institut Catholique de Toulouse, « Liberté et temporalité : Bergson et Jean Nabert »
17 h 30
Sauvagnargues (A.), Maître de conférences à l’Ecole Normale Supérieure LSH de Lyon, « Bergson contemporain : Deleuze et le cinéma »
18 h 15
Worms (F.), Professeur de philosophie à l’Université de Lille 3 et directeur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine à l’ENS (Paris), « Synthèse et perspectives »
N.B. : Le programme reste soumis à des modifications éventuelles.
16 h 30 – Séance de communication – Salle à déterminer
Communication de Madame Monique Lise COHEN, bibliothécaire, écrivain.
L’immortalité de l’âme et la résurrection des morts
Le thème de l’immortalité de l’âme est propre à la philosophie depuis Platon alors que la Bible hébraïque et le Nouveau Testament parlent de la résurrection des morts. Platon nous enseigne que « philosopher c’est apprendre à mourir », et la philosophie nous conduit à séparer l’âme (immortelle) du corps (périssable) en choisissant le lieu des idées intelligibles contre la matérialité du monde sensible. C’est l’acte de naissance de la philosophie au sortir de la mythologie. Le thème biblique de la résurrection des morts ne serait-il qu’un reste mythologique ? Ou bien nous inviterait-il à penser autre chose, à penser autrement que dans les termes du dualisme, à penser dans les termes d’une réalité qui se fait, comme une imprévisible nouveauté ?
16 h 30 : Séance de communication
Communication de Monsieur Émeric Travers, docteur en science politique, professeur de philosophie au Lycée Jolimont (Toulouse), chargé de cours à la Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Toulouse.
Critique de l’état de nature et perfectibilité chez Benjamin Constant
Étudier la critique, par Constant, de l’État de nature nous met en mesure de saisir à quel point certaines interrogations sur le politique lui sont apparues oiseuses et inutiles. L’État de nature est solidaire d’un questionnement relatif à l’origine de la société. Or, Constant affirmera à plusieurs reprises sa volonté de délester sa réflexion politique d’un tel foyer de controverses. Si pour lui « l’origine de la société est une grande énigme sa marche est simple et uniforme. » Faire la théorie des faits politiques implique d’étudier la façon dont les hommes vivent et non les raisons pour lesquelles ils ont adopté tel ou tel mode d’existence. Fidèle en ceci à Montesquieu, Constant affirme que la nature d’un être coïncide avec les lois qui régissent ses modalités d’existence. En outre, cette critique de l’État de nature n’est que l’application d’une démarche visant à récuser la généalogie et le recours aux hypothèses. L’État de nature expose le théoricien aux déviances heuristiques. Écarter tous les faits pour s’en remettre à une simple inspection a priori de l’esprit permet certes la clarification intellectuelle. Cette clarification a cependant pour Constant le tort d’éliminer le réel dans l’esprit sans pour autant supprimer ce qu’il peut y avoir d’inintelligible dans l’objet que l’on étudie. Ce refus d’adopter une méthode génétique doit logiquement permettre l’économie d’un recours aux conjectures et hypothèses. Or, en présentant l’histoire comme rétablissement progressif de l’égalité, comme manifestation de la perfectibilité humaine, Constant ne se trouverait-il pas dans l’obligation de recourir aux mêmes généalogies et conjectures relatives aux commencements de l’histoire humaine ?
16 h 30 – Séance de communication
Communication de Monsieur Michel NODÉ-LANGLOIS, ancien élève de l’ENS-Ulm, agrégé de philosophie, professeur en khâgne au lycée Pierre-de-Fermat.
« La loi naturelle : une notion difficile »
La culture contemporaine présente le paradoxe que l’attention à la nature, voire le respect que l’on réclame à son égard, sont en passe de devenir une exigence éthique majeure, tandis que, d’un autre côté, la notion de loi naturelle semble être devenue obsolète dans le domaine des sciences explicatives, où l’on parle plus volontiers de lois physiques, et se trouve décriée dans le domaine éthique, où l’on y voit souvent un relent d’obscurantisme, et d’attachement passéiste à une tradition dont le principal représentant actuel serait l’Église catholique. C’est là pourtant oublier que la notion en question a son origine dans une pensée grecque largement antérieure au christianisme, et qu’elle était encore à l’époque des Lumières revendiquée comme un fondement philosophique indispensable de la morale et du droit. Son rejet actuel, et le vide dans lequel il laisse ces domaines, paraissent dus à un obscurcissement de la notion, et conduisent à se demander si l’on peut à nouveau éclairer son sens, ou s’il faut désormais se passer d’y recourir.
16 h 30 – Séance de communication
Communication de Monsieur Gwenolé LE MEST, docteur en philosophie de l’économie, professeur de philosophie au Lycée Marie Curie de Tarbes.
La question du sens de l’existence à partir d’une prédiction nietzschéenne
A l’aphorisme 357 du Gai savoir, Nietzsche écrit que la question du sens de l’existence « aura besoin de quelques siècles pour être entendue complètement et dans toute sa profondeur » – On analysera le contexte du surgissement de cette question: divinisation du devenir par les philosophies de l’histoire, pessimisme et solution ascétique de Schopenhauer. Selon Nietzsche, toutes les tentatives post-chrétiennes pour tenter de donner un sens à l’existence doivent échouer en raison du triomphe de l’athéisme scientifique et du déclin de la foi. La réponse à cette question impose une rupture que Nietzsche va opérer en surmontant le nihilisme, en annonçant la mort de Dieu, le surhomme et surtout l’éternel retour: ce mouvement cyclique qui ne manifeste aucune aspiration vers un but, qui rompt avec toute attente eschatologique et toutes les aspirations religieuses hostiles à la vie. La valeur de la prédiction nietzschéenne de l’aphorisme 357 a été confirmée par le développement et la complexification des multiples reprises de la question du sens de l’existence jusqu’à nos jours. On les évoquera brièvement en insistant sur la double nature philosophique et irréductiblement religieuse de la question du sens de l’existence.
Bibliographie succincte:
Ernest Renan, Examen de conscience philosophique, Paris, Flammarion, 1973
Auguste Comte, Politique d’Auguste Comte, présentée par J. Grange, paris, Payot, 1996.
Auguste Comte, Discours sur l’ensemble du positivisme, Paris Flammarion, 1998
G.W.F Hegel, La Raison dans l’histoire, Paris, Plon, 1965
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et représentation, Paris, P.U.F, 1996
Arthur Schopenhauer, Sur la Religion, Paris Flammarion, 1996
Nietzsche, Unzeitgemässe Betrachtungen II, Paris, Aubier-Montaigne 1964
Nietzsche, Le gai savoir et Fragments posthumes, 1881-1882 Paris, Gallimard, 1977
Nietzsche, Fragments posthumes de 1884 à 1889, Paris, Gallimard, 1976, 1977, 1978, 1982
Léon Tolstoï, Confession, Paris, Pygmalion, 1998
Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964 et Francis Jeanson, Sartre, Desclée de Brower, 1966
Thomas Nagel, Qu’est-ce que tout cela veut dire?, Édition de l’éclat 1993
Jean Grondin, Du sens de la vie, Paris, Bellarmin, 1993
16 h 30 : Séance de communication
Communication de Madame Bernadette REY MIMOSO-RUIZ, Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines à l’Institut catholique de Toulouse.
Avec la toile blanche pour horizon infini.
Ballaciner (2007) ou l’extra-territorialité
Le pouvoir des images dans la construction de l’imaginaire leclézien n’est plus à démontrer (J.M.G. Le Clézio, « Fellini l’extra-terrestre » 1990). Le cinéma dont Ballaciner exprime à la fois la force et l’ouverture sur le monde, dévoile une réflexion de la maturité avec le regard porté sur le monde dans ce miroir « écranique ». La construction chronologique du texte retrace le cheminement intérieur de l’auteur et dessine en filigrane une autobiographie émotionnelle. Des émois d’enfance qui s’inscrivent dans une filiation proustienne (Combray, kinétoscope, lampascope) aux découvertes d’un cinéma oriental novateur et poétique, Le Clézio, à partir d’une citation de Parménide, analyse la magie des salles obscures (Edgar Morin, Le cinéma ou l’homme imaginaire), compose un univers paradoxal où l’enfermement dans un espace clos ouvre tous les horizons. L’évocation des grands cinéastes dépasse la cinéphilie ordinaire pour dresser le panorama d’une universalité par le biais de l’image qui conduit le spectateur à s’évader de la gangue du quotidien par le rêve (Gilles Deleuze, L’image-temps) le plus absolu afin de mieux comprendre le monde qui l’entoure.
La présente communication se donne pour objectif de mettre en relation le travail de mémoire du retour à l’enfance par la grâce d’un cinéma des origines (Michel Chion), d’examiner les correspondances établies entre les films évoqués et la démarche du romancier autour des cinéastes retenus pour enfin, tenter de définir en quoi la perception du film chez le Clézio rejoint celle de la littérature dans l’errance extra-territoriale.
17 h 00 – Séance de communication
Communication de Monsieur Bernard HUBERT, Professeur à la Faculté de philosophie de l’Institut Catholique de Toulouse
La théorie de la vertu : profils historiques et débat actuel
C’est un véritable défi aujourd’hui, pour une théorie morale, de penser ce que désigne la notion de vertu dont l’histoire coïncide avec celle de la civilisation occidentale, mais dont les arrière-plans et les conditions d’intelligibilité n’ont cessé d’évoluer, de se transformer, voire pour certains de s’estomper complètement, au point que la notion de vertu apparaît parfois comme un vestige dont on n’est plus capable de reconstituer le paysage dans lequel les vertus ont manifesté leur pertinence et ont fait l’objet de débat, notamment pour ceux qui avaient la charge d’enseigner, d’éduquer et de donner à l’homme la culture appropriée à sa nature d’animal politique.
Dans une première partie consacrée aux « profils historiques », nous nous efforcerons de retracer les grandes étapes grecque, médiévale et moderne qui ont contribué à donner à la notion de vertu ses divers sens pour lesquels on constate à chaque période des divergences ou pour le moins des contrastes entre d’une part une vertu conçue comme une perfection garante d’un agir droit relatif à une norme extrinsèque et d’autre part une vertu conçue comme une qualité d’ajustement des puissances affectives aux exigences de l’agir moral par lequel l’animal raisonnable s’ordonne à une fin, ce qui va de pair avec une conception du bien de l’homme.
Dans une seconde partie, relative au « débat actuel », nous examinerons comment Alasdair Macintyre, dans son ouvrage After Virtue, à partir de son analyse des trois étapes (1. l’affirmation de soi par l’exercice d’un rôle social ; 2. l’ajustement des vertus du citoyen à la cité ; 3. la vie humaine dans l’horizon du monde et dans la perspective d’une aventure orientée vers une fin ultime) qu’il dégage de son enquête historique de la notion de vertu, il est possible de repenser et de réintroduire la notion de vertu en mettant en évidence les traits caractéristiques (pratique, structure narrative, tradition morale) qui structurent la définition qu’il propose et qui redonnent à la notion de vertu son intelligibilité et sa pertinence pour aujourd’hui.
16 h 30 – Séance de communication
Communication de Monsieur André BORD, Docteur ès Lettres et sciences humaines
Deux mystiques : Plotin et Pascal
Tous deux d’actualité. Les Ennéades il y a peu étaient au programme de l’agrégation de philosophie, et cette année Pascal l’est pour les candidats bacheliers littéraires. Plotin (205-270 ap. J.-C.) offre une synthèse remarquable de la philosophie grecque. Son texte magnifique représente le sommet de la rationalité. Le néoplatonisme eut une influence considérable sur les premiers penseurs chrétiens : les Pères de l’Église l’adoptèrent en grande partie. Aux XVIe et XVIIe siècles, les Ennéades revinrent à la mode, pascal les a lues. Mais il est difficile de parler de Pascal à des personnes cultivées car il faut d’abord débarrasser nos mémoires des clichés fallacieux qui l’ont défiguré. Et il n’est pas interdit d’accueillir les dernières découvertes le concernant, même si elles sont surprenantes. Comme Plotin, Pascal parvient à une union intime avec Dieu. Ces deux expériences sont-elles similaires ? Le mysticisme chrétien est-il le même que le mysticisme païen ?